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Donner un sens à la mort
par Journal L'Attisée le 2016-03-31

Cela va paraître à certaines personnes un peu irréaliste et pour d’autres, peut être réalisable.


En mai 2013, j’ai dû me séparer ainsi que ma famille de ma fille bien-aimée Élise. Elle avait 35 ans. Trop jeune direz-vous pour quitter cette terre.


À l’annonce de son cancer et au cours de ce processus de dégradation physique, l’acceptation n’est même pas envisageable. La souffrance est omniprésente et je ne parlerai pas de celle de mon enfant. J’ai eu la chance de voir arriver dans ma vie les bonnes personnes. Elles m’ont aidée à retrouver ces forces intérieures enfouies depuis longtemps afin de vivre cette expérience de vie extrêmement pénible. Perdre un enfant, peu importe l’âge est très difficile. Je me disais lors de sa maladie que je ne serais jamais capable de vivre cela.


Ma planche de salut, si vous me permettez de m’exprimer ainsi, a été de me tourner vers mon cœur. Ce cœur tellement rempli d’amour. Essayer de donner un sens à quelque chose qui n’avait pas de sens. M’étant éloignée de la religion depuis un certain temps, c’est à ma spiritualité que je me suis accrochée. Elle m’aiderait à survivre et à vivre les années qu’ils me restent sur cette terre avant de la revoir.


Je sais maintenant de façon certaine que je la reverrai. J’ai vécu à maintes reprises des manifestations de sa part après son départ. Elle semblait me chuchoter à l’oreille « Accroche-toi maman, fais-le pour moi » J’ai eu la chance de faire la connaissance d’une femme extraordinaire qui m’a écrit le message qu’elle avait reçu de mon enfant 2 semaines après son entrée dans sa nouvelle vie. Ce message est bouleversant et à la fois tellement réconfortant. Dans ce message, elle nous dit qu’elle est bien dans sa lumière et que sa vie, elle l’avait choisie avant de croître dans mon ventre.


Expérience très difficile pour elle que cette maladie, mais qui avait pour but également de vivre la mienne .Elle m’a suggéré de partager notre expérience avec ceux qui en auront besoin. Aujourd’hui, 26 février 2016, je viens de voir la belle Virginie Ouellet de Saint-Aubert aux avis de décès. J’ai eu l’intuition de prendre ma plume et de vous en faire part.


Suite au décès d’Élise, j’ai médité de façon régulière le matin, dans mon lit. J’ai fait de nombreuses lectures de livres dans le but de me réconforter et j’ai compris que tant que l’acceptation de ce départ n’est pas fait, la souffrance sera toujours présente. Je savais comment m’en sortir. Dès son départ, je me suis donnée comme mission de ne pas pleurer mon enfant toute ma vie. Je pleure encore, comme en ce moment alors que j’écris ces mots. Ce sont des vagues de tristesse. Elles arrivent et elles repartent. Elles sont de moins en moins fréquentes et à mon avis, l’important est de ne pas « surfer sur la vague » trop longtemps.


Mon deuil est très avancé et j’en suis bien fière. J’ai vécu ces étapes une à la fois. Parfois, j’avais l’impression de retourner en arrière. C’est dans ces moments que je m’accrochais à mon cheminement spirituel pour me ramener à l’instant présent. Je crois que mon acceptation est faite car Élise ne se manifeste plus depuis un certain temps. Elle m’a fait des coucous pendant environ 2 ans.


Je vais vous faire part de la façon dont elle me faisait signe très souvent. Lorsque je méditais dans mon lit le matin, 3 fois sur 4, elle faisait un petit bruit de cognement dans ma table de chevet. Au début, je ne savais pas pourquoi ce petit bruit. Mais après des dizaines de fois, j’ai compris dans mon cœur que c’était elle qui était présente. Je savais qu’elle était LÀ.


Une autre femme extraordinaire m’a confié que cela était bien elle qui venait vers moi à ces moments et qu’elle viendrait tant que j’aurais beaucoup de peine. Ma souffrance est disparue, ELLE ne vient plus. Elle vient encore me visiter à l’occasion dans de beaux rêves. La tristesse est encore présente à l’occasion et j’en profite pour revisiter mes forces intérieures.


Certains seront sceptiques en lisant mon témoignage, cela appartient à chacun.


Je suis très reconnaissante à Élise de m’avoir fait vivre une telle expérience. Très difficile, mais grâce à elle j’ai pu donner un sens à tout cela et j’ai pu donner un vrai sens à ma vie. Je ne suis plus la même. J’ai grandi. Je sais maintenant que nous nous reverrons, mais le moment n’est pas encore venu.


À toutes les personnes qui perdent un enfant, une personne très près de vous, accrochez-vous. Ne vous laissez pas envahir par le désespoir trop longtemps. Soyez attentifs aux petits signes inhabituels et cherchez en vous les forces pour vivre cette période de votre vie. Je vous le souhaite de tout cœur.


Francine Harton Dubé



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