Il était une fois des villages autonomes – Saint-Jean-Port-Joli (suite) MAI 2024
par Journal L'Attisée le 2024-05-11
Secteur industriel
Les frères Harrower ont été parmi les premiers industriels de Saint-Jean. Plus près de notre époque, les listes électorales nous fournissent plusieurs noms entre 1935 et 1965 : Paul Bernier (1953), Gabriel Caron (1953, 1962, 1963, 1965), Henri-Louis Caron (1958), Joseph F. Caron (1953), Léonard Caron (1953), Raymond Caron (1953), Achille Chamard (1953), Herménégilde Chouinard (1935 ; 1940, moulin à bois 25, de Gaspé Est), Jean-Marc Deschênes (1957, 1958), Jean-Marie Dubé (1953, 1963, 1965), Roland Dubé (1945, 1949), Victor Dubé (1935, 1940, 1945, 1949, 1957, 1958, 1963), Xavier Dubé (1935), Jean-Marie Gagnon (1958, 1962, 1963, 1965), Joseph Gagnon (1957, 1958, 1962), Xavier Giasson (1945), Léopold Hudon (1957), Paul Hudon (1958), Albert Laurendeau (1949, 1953, 1957, 1958), Eddy Laurendeau (1949), Thaddée Laurendeau (1949, 1953, 1957, 1958, 1962, 1963, 1965), Julien Leclerc (1953), Édouard Ouellet (1953), Réal Ouellet (1957, 1958), André Rousseau (1953, 1957, 1963, 1965), Fernand St-Pierre (1962, 1963), Jean-Baptiste Toussaint (1945, 1949, 1953, 1957, 1958, 1962, 1963, 1965), Léon Toussaint (1945, 1949, 1953, 1957, 1958, 1962, 1963, 1965) et Louis-Philippe Tremblay (1953, 1957, 1958)1.
Industrie du bois
La municipalité ne possède plus de forêt en 1937. Il n’y a pas de scierie et les résidents achètent leur bois semi-ouvré des municipalités de l’intérieur. Il y a quatre ateliers où on travaille le bois.
Ateliers de planage
Achille Hudon exploite un petit moulin aux Trois-Saumons en 1937. Il produit 100 000 p.m.p. de bois par année et emploie deux personnes. Herménégilde Chouinard possède un établissement de planage à l’est du village ; son entreprise était en activité depuis 40 ans en 1937 et il employait un homme pendant quelques semaines. Il a produit 25 p.m.p. de bois en 19372.
Ateliers de menuiserie
Amédée Laurendeau (1873-1939) exécute des travaux de menuiserie dans le sous-sol de sa maison dès 1897. En 1920, il construit un atelier attenant à sa résidence à l’ouest du village (350, rue des Artisans). En 1937, il a fabriqué environ 15 portes et 60 châssis. Il utilise surtout le sapin et l’épinette mais aussi le tilleul et le pin de la Colombie-Britannique. Les neuf dixièmes de sa production sont destinés au marché local et le reste au régional3. Amédée décède en 1939 ; ses fils Thaddée (1920-2006) et Albert (1902-1958), qui travaillaient avec lui, enregistrent le nom Laurendeau et Frères au début des années 1940. Ils transforment graduellement l’atelier en manufacture de portes et de fenêtres qu’ils vendent dans la région. Pendant les dernières années avant la vente par Thaddée en 1974, une vingtaine d’ouvriers étaient employés dans l’usine durant les périodes de pointe4. L’entreprise poursuit ses activités jusqu’en 1985 avant d’être intégrée au groupe Laurendeau-Tardif et d’être délocalisée5.
Toussaint et Frères Ltée
La compagnie Toussaint et Frères Ltée fait ses débuts en 1938 dans un petit atelier alors que les frères Jean-Baptiste (1915-2009) et Léon (1911-1972) décident de faire équipe. Ils perpétuent la tradition de leur grand-père maternel, Magloire Bourgault (1863-1938), de fabriquer des meubles sur mesure. Jean-Baptiste fait le design et Léon s’occupe de la production et de l’administration. Au cours de l’année, un incendie détruit des bâtiments et des machines (418, de Gaspé Ouest). Les Toussaint reconstruisent un bâtiment (254, de Gaspé Ouest) de 25 000 pi2, lequel est aménagé en blocs de ciment.
De la fabrication de meubles sur demande, l’industrie s’oriente ensuite vers des meubles contemporains pour chambres à coucher et meubles d’appoint. L’Association des fabricants de meubles du Québec (AFMQ) est créée en 1942 ; l’entreprise Toussaint et Frères bénéficie des avantages de cette association autant en matière de marketing, de conseils juridiques, de relations de travail. L’effervescence après la Seconde Guerre mondiale est bénéfique pour l’industrie. L’entreprise emploie plus de 80 employés à son apogée.
En 1966, l’entreprise fait face à la syndicalisation des employés et deux grèves de courte durée en résultent. La production atteint son maximum en 1968-1969 avec un chiffre d’affaires de 500 000 $. L’incorporation de l’entreprise en 1968 permet une injection importante de capital par la vente d’actions, en grande partie au plan régional. Au cours des années 1975-1980, les taux d’intérêt grimpent en flèche ; il faut financer les stocks de la matière première et les meubles aux détaillants jusqu’à la vente. Des produits internationaux, asiatiques et américains et du prêt-à-monter tel IKÉA affectent grandement la rentabilité des entreprises de meubles. Toussaint et Frères met fin à ses opérations en 1976 ; c’est un choix difficile et malheureux6.
Toussaint et Frères Ltée en 19487
- BAC, Listes des électeurs de St-Jean-Port-Joli de 1935 à 1965.
- Ministère des Affaires Municipales, de l’Industrie et du Commerce de la Province de Québec, Inventaire des ressources naturelles et industrielles 1938 – Comté municipal de L’Islet, Québec, 1938, p. 64.
- Ministère des Affaires Municipales, de l’Industrie et du Commerce de la Province de Québec, Inventaire des ressources naturelles et industrielles 1938 – Comté municipal de L’Islet, Québec, 1938, p. 64.
- Culture, Communications et Condition féminine Québec, Circuit du patrimoine bâti Saint-Jean-Port-Joli, p. 11.
- « Publicité », L’Oie Blanche, vol 1, no 2, Montmagny, 2 septembre 1985, p. 38.
- « Toussaint et Frères Meubles Ltée – Une entreprise florissante de l’époque », L’Attisée, 10 avril 2019, informations tirées du site Internet : www.lattisee.com/actualites/view/3165/toussaint-et-freres-meubles-ltee-une-entreprise-florissante-de-lepoque le 23 décembre 2022.
- J.W. Michaud, Manufacture de meubles Toussaint et Frères à Saint-Jean-Port-Joli, BANQ, 1948, notice E6, S7, SS1, P63053.