Nous voyageons ce mois-ci de l’Acadie jusque dans l’espace en passant par les États-Unis, le Japon et le Burundi.

Chronique d’une sorcière de vent (2000) d’Antonine Maillet. La narratrice retourne à ses lieux d’origine pour dénouer le mystère d’une femme exceptionnelle ayant vécu durant la première moitié du XXième siècle. Elle voulait vivre comme elle l’entendait, et elle entendait vivre d’une manière qui ne figurait dans aucun code connu. Pendant plusieurs mois, elle rencontre et interroge des vieilles religieuses porteuses de mémoire, d’autres gens du lieu détenteurs de bribes d’histoire, d’anecdotes. L’accompagne, dans son subconscient, Radi, c’est-à-dire elle-même enfant. Un bel exemple du talent de conteuse de Maillet.

Un don (2009) de Toni Morrison. Dans l’Amérique du XVIIème siècle, des gens se côtoient, s’apprivoisent, s’affrontent sous la plume poétique de Morrison. On passe du quotidien à l’imaginaire, dans la réalité d’un monde parfois hostile. Commerce, esclavage, affranchissement, survie sont le lot des personnages. Les destins de quatre femmes s’enchevêtrent, chacune y fait face à sa manière. C’était une vie aux récompenses rares. Une lecture relativement exigeante qui nous entraîne dans les pensées de chacune des protagonistes.

Les lectures des otages (2012) de Yoko Ogawa. Huit touristes japonais sont retenus en otages par une guérilla, dans un pays non identifié. Dans les décombres de l’endroit où ils étaient retenus on retrouve des écrits de chacun d’eux. Récits de moments charnières de leurs vies qu’ils partagent entre eux. Le futur, quel qu’il soit, n’abîmera jamais le passé enfermé au fond de chacun de nous. Il nous suffit de le recueillir doucement, de le réchauffer sur notre paume et de le lancer sur l’embarcation des mots. Une écriture tout en délicatesse.

Petit pays (2016) de Gaël Faye. Le Burundi est un très petit pays d’Afrique, voisin, entre autres, du Rwanda dont on connaît le sombre épisode du génocide de 1994. On sait moins que cette folie meurtrière a aussi eu lieu au Burundi. Dans ce roman, on suit le narrateur, Gabriel, enfant dont le père est Français et la mère Tutsie. À travers son regard d’enfant on assise à la détérioration de la situation dans ce pays déjà instable. Un spectre lugubre s’invitait à intervalle régulier pour rappeler aux hommes que la paix n’est qu’un court intervalle entre deux guerres. Une histoire qui marque. (bibliothèque Charles-E.-Harpe, collection Réseau)

Projet Dernière chance (2021) de Andy Weir. Je ne suis pas amateur de science-fiction et j’ai été étonnée de me laisser « accrocher » par ce livre reçu en cadeau. Dans science-fiction, il y a science et j’avoue que les aspects très technologiques de l’histoire m’ont laissée baba. J’en suis donc d’autant plus étonnée de m’être attachée au protagoniste et sa mission. Il a rien de moins que le sort de la Terre entre les mains. Comment en est-il arrivé là ? On le découvrira en même temps que lui à mesure qu’il recouvrera la mémoire. Quel devrait être mon objectif, au juste ? Que devrais-je faire ? De façon tout à fait inattendue il recevra de l’aide d’une origine pour le moins étonnante. L’alternance entre le passé et le présent nous apporte peu à peu les clés de la chaîne d’événements.