LA ROCHE À VEILLON - Aujourd’hui, 60 ans ; demain, 100 ? Mais, pas sans toi ! #2
par Journal L'Attisée le 2024-03-13
PAR CLAUDE BRISEBOIS, PRÉSIDENT
Les défis des prochaines années
En décembre 2014, près du Pilier de Pierre, quand les derniers vestiges du phare de la Roche à Veillon sombrèrent au fond du fleuve, il y avait déjà des gens pour prédire la fermeture prochaine du restaurant du même nom. Et pourtant ! La Roche à Veillon resto-théâtre résiste encore et elle est loin d’envisager sa retraite. Le théâtre d’été a bien rebondi après la pandémie. Les forfaits souper-théâtre sont toujours aussi populaires. Le restaurant et le comptoir comblent encore la clientèle. La Roche reste un endroit unique où les touristes aiment renouer avec le passé, avec leurs souvenirs. « Comme dans le temps… ».
Mais, soyons honnête, survivre au temps n’est pas toujours facile. Les solutions d’hier ont parfois besoin d’être revampées. Néanmoins, ça ne veut pas dire qu’il faille tout changer. Le Big-mac est au McDo comme les mets québécois sont à La Roche. Notre créneau est clair, il ne reste qu’à pleinement l’exploiter. Dans les deux dernières années, nous avons mis beaucoup d’efforts à retrouver les recettes d’origine et à les standardiser pour que les papilles se souviennent. Un restaurant mettant en valeur la nourriture d’antan ne peut que gagner en notoriété, s’il continue à exister dans le temps. Un jour, on viendra à La Roche pour une expérience gustative quasi muséale. En attendant, il faut réussir à renouveler l’équipe régulière.
En effet, nos vrais défis se trouvent derrière les fourneaux. Malheureusement pour nous, l’heure de passer le flambeau approche pour la majorité du personnel de cuisine actuel. Depuis 60 ans, les nouveaux apprenaient des anciens. La Roche est plus qu’un restaurant, elle est un lieu où la transmission de la culture culinaire traditionnelle se fait directement les mains dans la pâte. Notre boulangère veut enseigner son art, mais nous vivons des années où le recrutement est plus difficile. Là est le risque de la cassure qui nous guette : nous avons du mal à attirer des nouveaux qui deviendront, à leur tour, les passeurs culturels. Et, dans cette optique, la solution de travailleurs étrangers temporaires laisse peut-être une drôle d’impression pour sauver une partie de notre propre folklore. Il en serait tout autrement pour des immigrants venant s’établir chez nous…
Personnellement, je pense qu’en ne réagissant pas, qu’en acceptant cette fatalité, nous accepterions peut-être le début du déclin de notre culture. La survie de La Roche est avant tout un symbole de notre volonté collective à continuer d’être nous-mêmes.
Dans le prochain article, nous verrons les solutions concrètes envisagées à court terme pour empêcher notre Roche de sombrer, elle aussi…