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Il était une fois des villages autonomes – Saint-Jean-Port-Joli (suite) Février 2024
par Journal L'Attisée le 2024-02-15


Transports
Les premiers moyens de transport à Saint-Jean comme dans toutes les paroisses riveraines étaient le bateau et le cheval. Les goélettes se sont ensuite installées. Le train est arrivé en 1859 et le camionnage dans la première partie du vingtième siècle.

Gares et hameau de la gare
Saint-Jean-Port-Joli comptait jadis trois gares si on inclut celles des Trois-Saumons et de la route Elgin. Les travaux débutent en 1852 alors que le Grand Tronc commence à s’approprier les terrains sur le parcours de la voie ferrée. Les expropriations prennent parfois assez de temps pour se régler et s’étendent jusqu’au début des années 1860. Les gares sont construites autour de 1858 ; le train y circule une première fois en 1858. Le voyage inaugural a lieu le 17 octobre 1859 et la circulation régulière débute à la fin de cette même année. Le train facilite la libre circulation des marchandises et des personnes mais il est aussi un vecteur important pour l’émigration aux États-Unis.


Gare de Saint-Jean-Port-Joli vers 19501

La gare de Saint-Jean est la proie des flammes en 1870. On la reconstruit, mais celle-ci est abandonnée en 1890 pour devenir un hangar. Une troisième gare est alors érigée avec un étage et un comble. Au rez-de-chaussée, il y a la salle d’attente des femmes, des hommes et centrale où s’active le personnel de la gare. Durant les années 1930, une dizaine d’employés y travaillent en plus du chef de gare. La gare est un lieu particulier de rencontres. On y retrouve des voyageurs, des curieux, jeunes et moins jeunes, toujours impressionnés par le bruit de la locomotive, et beaucoup d’animation lors du transit de marchandises. Une foule nombreuse assiste parfois à l’arrivée de visiteurs célèbres à la station de Saint-Jean-Port-Joli. Ce fut le cas lors de la visite du chef du Parti libéral Wilfrid Laurier en 1893. Comme dans plusieurs hameaux rattachés à une gare et au chemin de fer, la station de Saint-Jean-Port-Joli compte un petit hôtel, un magasin général et une école de rang (no 11). Le hameau profite du transport de matériaux et diverses denrées comme le sucre d’érable de Saint-Aubert que l’on achemine vers Québec2.

L’inventaire des ressources naturelles de 1938 nous en dresse le portrait suivant3. La gare compte cinq voies dont deux d’évitement ; elle est munie d’un entrepôt et d’un télégraphe public. Le volume du trafic ferroviaire comporte, à l’entrée, 5 620 tonnes de marchandises générales et de produits destinés à la terre ; puis, à la sortie, 9 tonnes de produits agricoles, 14 tonnes de sucre d’érable, 4 950 tonnes de bois à pâte et 87 de marchandises diverses. Le volume global dépasse 10 000 tonnes pour l’ensemble des 3 gares. Les expéditions ont plus que doublé depuis 1935 et cette augmentation continuera encore en 1938. Les expéditions du bois à pâte se pratiquent aux dépens du trafic maritime. Les neuf dixièmes de cette exportation proviennent surtout de Saint-Aubert et de Saint-Damase. Le nombre de voyageurs qui ont acheté des billets est de 4 287 en 1937. Ce nombre varie peu depuis plusieurs années. Sur une période de dix ans, cela représente une baisse considérable de l’achalandage en raison de la concurrence de l’autobus4.

Les gares de Saint-Jean-Port-Joli employaient jadis plusieurs personnes ; il y avait les chefs de gare, les télégraphistes (Hospice Duval, Arsène Michaud, Wenceslas Bernier, Raynald Mercier, Élie Dumas), le personnel d’entretien et les manutentionnaires ; parmi ceux-ci, on note José Ouellet, Léo Deschênes, Amédée Lapointe, Paul-Henri Lapointe, Léonard Lapointe, Joseph Chouinard, Eugène Bernier, Wenceslas Bernier, Raynald Mercier et plusieurs autres.
Avant 1921, les activités étaient si intenses qu’il y avait même des chefs de gare la nuit ; Hospice Desrosiers et Élie Dumas (1865-1933) ont occupé ce poste. Les gares ont aussi été le théâtre de nombreux accidents parfois très funestes comme en 18755. Il n’y avait pas de feux clignotants au passage à niveau jusqu’à ce que survienne un terrible accident le 19 décembre 19536. Le dernier chef de gare a été retiré en 19847

Suite dans le prochain numéro.


  1. BANQ, Gare St-Jean-Port-Joli, image tirée du site Internet : https://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/1954450 le 2 novembre 2022.
  2. Yves Hébert, Lieu de mémoire, la gare de Saint-Jean-Port-Joli, Le Placoteux, 22 août 2021, informations tirées du site Internet : https://leplacoteux.com/lieu-de-memoire-la-gare-de-saint-jean-port-joli/ le 2 novembre 2022. 
  3. Ministère des Affaires Municipales, de l’Industrie et du Commerce de la Province de Québec, Inventaire des ressources naturelles et industrielles 1938Comté municipal de L’Islet, Québec, 1938, p. 63.
  4. Ministère des Affaires Municipales, de l’Industrie et du Commerce de la Province de Québec, Inventaire des ressources naturelles et industrielles 1938 – Comté municipal de L’Islet, Québec, 1938, p. 63.
  5. « Accident à L’Islet », Le Courrier du Canada, 19e année, no 7, Québec, 15 février 1875, p. 3.
  6. « 5 morts, 2 blessés à un passage à niveau de St-Jean-Port-Joli », La Patrie, 75e année, no 251, Montréal, 21 décembre 1953, p. 3.
  7. Commission canadienne des transports, Comité des transports par chemin de fer, Le Soleil, 88e année, no 245, Québec, 10 octobre 1984, p. F2.



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