Mille feuilles - Familles d’hier et d’aujourd’hui, d’ici et d’ailleurs
par Journal L'Attisée le 2023-11-21
Les raisins de la colère (1937) de John Steinbeck. Une oeuvre majeure de la littérature américaine. On y suit une famille de paysans de l’Oklahoma déplacée suite au Dust Bowl, grand épisode de sécheresse. Tous les membres de cette famille rêvent d’une vie meilleure en prenant la route vers la Californie avec peu de biens, peu d’argent. Ils font partie d’une vague d’émigrants fuyant la misère pour de meilleurs jours pensent-ils. Un exode semé d’embûches, des camps de fortune partagés par des frères d’infortune. Les tentes étaient pleines de ronflements. Tout le camp bourdonnait et ronflait avec ensemble.
L’enfant chargé de songes (1992) d’Anne Hébert. Deux adolescents, fille et garçon, vivent avec une mère possessive et contrôlante. Ils sont fascinés par une jeune fille, à peine plus âgée qu’eux, qu’ils côtoient durant une brève période. Pendant ce temps Hélène et Julien courent la campagne, dès qu’ils peuvent s’échapper, dans l’espoir d’apercevoir Lydie. Libre et fantasque, elle leur inculque des velléités d’émancipation. Le garçon restera marqué par cette rencontre. Plutôt sombre comme histoire, mais si belle plume d’Anne Hébert.
Le soleil des Scorta (Goncourt 2004) de Laurent Gaudé. L’auteur campe son roman dans le village de Montepuccio. On y suit le destin de la famille Scorta, marqué par le crime et la pauvreté. Sous le soleil du sud de l’Italie, les liens du sang sont primordiaux, la transmission essentielle. Il faut juste faire de son mieux, puis passer le relais et laisser sa place.
La ballade des adieux (2004) de Lori Lansens. Une vieille dame, Adelaide Shadd, recueille bien malgré elle une fillette délaissée par sa mère. « Qui c’est qui t’a amenée ici ? -- Elle m’a dit que je pouvais venir toute seule » Elle s’y attache très vite et bien que ses moyens soient limités elle lui procure une vie meilleure, ne serait-ce que par l’affection qu’elle lui témoigne. La coexistence engendre chez Adelaide des souvenirs de sa propre jeunesse. Le roman alterne efficacement entre les deux époques, dépeignant avec justesse la vie de ces deux êtres démunis dont les chemins se croisent et auxquels on s’attache au fil des pages.
C’est moi qui raconte (2016) de Linda Féquière. Une femme souffrant d’une grande douleur intérieure décide de se raconter à partir de l’histoire de sa belle-famille, qu’elle a bien aimée. Je m’apprêtais à faire de celle des Morel le creuset de mon identité, le cadre référentiel de ma propre histoire perdue. Ce récit l’aidera-t-il à se défaire de cette douleur qui la tenaille ? Un roman déroutant, mais porté par une grande qualité d’écriture. (Bibliothèque Charles-E.-Harpe, collection Réseau)
Set et match ! (2022) de Liane Moriarty. Le tennis est au coeur de la vie de la famille Delaney. Lorsque Joy et Stan se départent de leur école pour prendre leur retraite ils ont du mal à trouver leurs repères, eux qui sont déçus qu’aucun de leurs quatre enfants n’ait fait carrière dans ce sport. L’arrivée inopinée d’une jeune inconnue viendra mettre du piquant dans leur vie, non sans la chambouler. Encore une fois l’auteure sait nous tenir en haleine en jouant avec la ligne de temps, en dévoilant peu à peu les personnalités des protagonistes, leurs rôles dans les événements. (Bibliothèque Charles-E,-Harpe, collection locale).