Jean-Baptiste St-Pierre et Édouard Vaillancourt sont beurriers et fromagers vers 1895. En 1900, il n’y a plus de fromager et le commerce de monsieur St-Pierre est passé à Gilbert Jean. Les entreprises manufacturières sont encore peu nombreuses au début du vingtième siècle. Il y a le moulin des Price établi à l’embouchure de la rivière Trois-Saumons. Aux Trois-Saumons, le moulin à farine est doublé d’un moulin à carder et d’un atelier de planage. Les Chouinard exploitent un autre atelier similaire à l’est du village. Amédée Laurendeau (1873-1939) possède un atelier de menuiserie depuis 1897 et Cyprien Bourgault (1869-1959) une charronnerie. Les Dubé construisent des cercueils depuis 1888. Le transport maritime occupe encore quelques habitants de Saint-Jean, mais les pilotes sont moins nombreux qu’auparavant. Gustave Verreault ouvre une succursale de La Banque Provinciale en 1905. Le progrès se fait sentir à partir de cette période. Salluste Duval (1852-1917) installe les premiers appareils téléphoniques. Deux automobiles circulent dans la paroisse en 1906. En 1917, le nombre d’automobiles a considérablement augmenté et on en inaugure la bénédiction. Les routes ne sont pas entretenues l’hiver avant la Seconde Guerre mondiale¹.

Les autobus Lemelin desservent la ligne Lévis-Rivière-du-Loup ; on compte deux aller-retours par jour de mai à décembre à partir de 1927. Xavier Bélanger transporte des marchandises générales de Québec à Saint-Jean deux ou trois fois par semaine en 1938. Plusieurs commerçants en gros passent dans la municipalité : pâtisseries (David et Vachon), Fruits et légumes (Blais et Proulx), eaux gazeuses (Coca-Cola et Fortier), crème glacée (Fortier et Bernier), pain (Alfred Picard), viandes (Thibault et Duval), épiceries (Bouchard), tissus et vêtements (Isaac Harris), produits Familex et pétroliers. Le branchement à l’électricité débute en août 1925 avec la compagnie Quebec Power.

En 1937, il n’y a plus que deux notaires et un médecin ; le commerce de détail occupe 14 familles. Il y a 6 cantonniers, une dizaine de marins, trois camionneurs et autant de conducteurs de taxis, 15 menuisiers, 5 forgerons, 2 cordonniers, un boulanger, 3 garagistes, 2 plombiers, 2 ferblantiers, un coiffeur et un horloger. La beurrerie d’Alfred Dubé dessert 115 patrons et produit 83 000 livres de beurre. Achille Hudon exploite une meunerie, une carderie et un petit atelier de planage aux Trois-Saumons. Herménégilde Chouinard possède un moulin à scie. Amédée Laurendeau a fabriqué 15 portes et 60 châssis. La fabrique de cercueils de Xavier Dubé manque de main-d’œuvre. Le charronnier Cyprien Bourgault fabriquait de 400 à 500 voitures en 1930 ; son atelier a été détruit par un incendie en 1933 et ne produit plus que 30 « sleighs » avec deux employés. L’entreprise de mise en conserve F.-G. Ouellet est en déclin. Joseph Gagnon élève des renards, mais son entreprise ne progresse plus ; il se lancera dans la production d’objets en plastique en 1958. Léon et Jean-Baptiste Toussaint ont ouvert une usine de meubles en 1939. Une usine d’accessoires de beurrerie est ouverte en 1945, mais sera un échec ; le bâtiment abritera Rousseau Métal à partir de 1950².

En 1929, c’est la crise économique et plusieurs artisans émergent : André-Médard (1897-1958) et Jean-Julien Bourgault (1910-1996) en sculpture, Eugène Leclerc (1885-1968) avec des bateaux miniatures et Émilie Caron-Chamard (1887-1981) avec ses tissages. Ces artisans auront une influence déterminante sur la relève de l’artisanat à Saint-Jean-Port-Joli et amèneront une manne touristique toujours plus nombreuse. Cette vocation pour la villégiature dans la municipalité remonte à la fin du dix-neuvième siècle et on dit que l’endroit est un véritable Éden en été³.
Suite dans le prochain numéro.

1 Comité du tricentenaire de Saint-Jean-Port-Joli, op. cit., p. 96-102.
2 Comité du tricentenaire de Saint-Jean-Port-Joli, op. cit., p. 103-106.
3 Comité du tricentenaire de Saint-Jean-Port-Joli, op. cit., p. 107.