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Mille feuilles - La mort qui rôde
par Journal L'Attisée le 2023-03-08


Oui, la mort rôde dans mes choix de lecture ce mois-ci, mais tout n’est pas noir dans ces romans.

L’avenir (2020) de Catherine Leroux. Je ne suis pas d’emblée attirée par le réalisme magique. Cet aspect de ce roman n’apparaissant qu’à la deuxième partie, j’avais eu le temps de m’imprégner de la beauté de l’écriture et je me suis laissée gagner par la proposition. Dans une ville en décrépitude, devenue un lieu sans foi ni loi, une femme en rupture avec sa fille revient chez celle-ci qui vient d’être assassinée. Elle veut comprendre mais surtout retrouver ses deux petites-filles disparues depuis le drame. On retrouve un voisinage où l’on s’entraide, une communauté d’enfants en fugue ou abandonnés vivant dans des abris de fortune. L’un vit dans un arbre, une autre a don de téléportation. Un univers étrange, magique qui rêve d’avenir. (Bibliothèque Charles-E.-Harpe, collection Réseau)

Bienvenue au motel des Pins perdus (2019) de Katarina Bivald. Ici encore, on entre dans le réalisme magique. Pine Creeks, un petit bled en Oregon. D’entrée de jeu, Henny, la narratrice, meurt. Pourtant c’est elle qui nous guidera tout au long du roman puisque son esprit refusera de s’éloigner des siens et des lieux qu’elle aime. Le plus bel anniversaire de ma vie fut sans hésitation mon premier au motel, l’année après que j’ai commencé à y travailler. Son décès y ramènera des amis, partis depuis longtemps et perdus de vue, venus assister à ses funérailles. Une belle histoire d’amitié, d’amour, de solidarité, de tolérance (ou non !) Non dénué d’humour, ce roman parle également de rendez-vous manqués, d’aspirations parfois déçues mais aussi d’attachement. (Bibliothèque Charles-E.-Harpe, collection Réseau.

Les mémoires d’un chat (2017) de Hiro Arikawa. Je traversais la rue en pleine nuit, quand je me suis senti pris dans les phares d’une voiture. Blessé, un chat errant est recueilli par Satoru, un jeune homme qui s’y attache et l’adopte. C’est l’animal qui raconte leur histoire, leurs périples entrepris dans un but bien précis, qui nous présente les amis de Satoru, son passé. Une belle histoire d’amour entre une bête et son maître unis par des liens indéfectibles.

Tout le bleu du ciel (2019) de Mélissa Da Costa. Jeune homme de 26 ans, condamné par un Alzheimer précoce, souhaite prendre le large pour un ultime voyage. Désirant éviter à sa famille d’être témoin de sa déchéance, c’est ainsi qu’Émile formule la petite annonce qu’il publie sur Internet afin de trouver quelqu’un qui l’accompagnera dans son périple, tout en doutant avoir une réponse. À sa surprise, une jeune femme se porte volontaire. Effacée, impassible, elle semble porter en elle un poids immense. Au fil du temps elle laissera son armure se fissurer et des liens se tisseront entre les deux nomades. Un pavé de plus de 600 pages qu’on dévore avec délice. (Bibliothèque Charles-E.-Harpe, collection locale)

Dans Les villes de papier, Dominique Fortier nous a fait connaître Emily Dickinson, poétesse américaine. De sa très belle plume, l’auteure nous offre maintenant Les ombres blanches (2022) dont l’action se situe après la mort de Dickinson. Ce n’est pas un hasard si on emploie le même mot pour nommer la sentence imposée à un criminel et la douleur causée par la perte d’un être aimé : la peine. Elle imagine, à partir de femmes qui en ont été proches, le chemin parcouru pour faire éditer ses poèmes, griffonnés sur des bouts de papier, sans aucune classification. Selon son habitude, Fortier émaille son roman (sans en abuser) d’incursions dans sa propre vie. Beaucoup de poésie dans cette prose qui nous raconte l’univers d’une poétesse d’un autre siècle.

Un dimanche à la piscine à Kigali (2000) de Gil Courtemanche. Ici, la mort ne fait pas que rôder, elle est omniprésente. Écrit quelques années seulement après le génocide au Rwanda, ce roman décrit avec précision la montée des tensions, les violences qui s’installent dans un contexte géopolitique propice aux dérives. L’auteur, en préambule, nous dit : Ce roman est un roman. Mais c’est aussi une chronique et un reportage. Près de 30 ans après les faits on ne sort pas indemne de cette lecture.

Bonne lecture!



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