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Il était une fois des villages autonomes – Saint-Aubert (suite) - Novembre 2022
par Journal L'Attisée le 2022-11-16


Artisans et artistes
Cette catégorie pourrait comprendre de nombreuses personnes mais il y a peu d’écrits sur celles-ci et nous n’en aborderons que quelques-unes.



Émile Boucher
Figure 1 - Émile Boucher

Les recensements décennaux de Saint-Aubert nous permettent de découvrir quelques tanneurs dès le début de la paroisse : Félix Bélanger (1871, 1881), William Fortin (1871), Cyprien Bélanger (1881), Édouard Bélanger (1881) et Désiré Robichaud (1901)1. Émile Boucher (1875-1968) exploite une tannerie de 1896 jusqu’à au-delà de 1 937. Sa production de 1937 comprend 4 000 petites peaux (veau, mouton et chien) et 1 500 grosses peaux (vache et bœuf). Il traite ces peaux à la commission pour les cultivateurs et ne fabrique pas d’articles de cuir2. En 1936, son petit-fils de 4 ans (Sarto) périt en tombant dans une cuve remplie d’acide servant à durcir le cuir3. Monsieur Boucher possède un grand terrain et il élève des renards, comme 7 de ses compatriotes qui possèdent 42 couples adultes pour la reproduction4. L’entreprise d’Émile était située dans la Côte de l’Église dans le secteur appartenant à Saint-Jean-Port-Joli (896, route de l’Église). Il avait épousé Anna Marier (1881-1969) avec laquelle il avait eu 6 enfants : Émilio (1901-1972), Jean-Léon (1902-1970), Louis Georges Gérard (1903-1905), Gabrielle (1904-1908), Roland (prêtre, 1906 - 2001) et Jeanne Gabrielle (1909-1913).


Figure 2 - La tannerie était au sous-sol de cette maison


Maurice De Courval (peintre)
Maurice De Courval (1903-1979) est né à Aston Jonction (Nicolet) le 30 octobre 1905 ; il est le fils de Dominique et d’Émiliana Larivière. Le 5 octobre 1957 à Notre-Dame-des-Victoires de Québec, il épouse Éva Avoine, fille de Maxime et de Paméla Lord. Il a habité dans les diverses provinces des Maritimes et fait un voyage à Vancouver. Grâce à ses périples, il a pu donner une inspiration sans limites à son talent de peintre. Plusieurs murs de sa maison étaient peints avec goût et montraient son penchant pour la nature. Une de ses œuvres représente les 4 saisons5. Monsieur De Courval habite à Québec après son mariage et y réside de nombreuses années avant de venir s’établir à Saint-Aubert, la paroisse natale de son épouse. En 1977, il fait don de plusieurs de ses œuvres pour décorer la sacristie fraîchement rénovée6. Il est décédé le 12 janvier 1979.

Figure 3 - Maurice De Courval devant ses œuvres7


Charles-Eugène Harpe (auteur et écrivain)
Charles-Eugène Harpe (1908-1952) est né le 21 août 1908 à Lévis ; il est le fils d’Eugène et d’Olivine Fleury. La municipalité de Saint-Aubert a nommé la bibliothèque municipale en son honneur. Sa bibliographie est très connue dans la région et nous ne développerons pas davantage sur monsieur Harpe ; pour de plus amples informations, consultez le site Internet : « Charles-E. Harpe, l’un de nos plus beaux esprits, mais si méconnu… »8.

Modistes
Plusieurs femmes fabriquaient autrefois des chapeaux ; parmi celles-ci, mentionnons : Marie Bélanger (1874 -?), Philomène Caron (1848-1921), Alexandrine Cloutier (1887-1978), Marie-Anna Fortin, Marie-Emma Jean (1887-1959), Régina Jean (1878-1919), Appoline Leblanc (1863-1921), Alida Morel (1884 -?), Irène Ouellet (1924-2006), Régina Ouellet (1888-1959)9 et possiblement quelques autres dont il n’a pas été possible d’obtenir de renseignements.

 
Léopold Pellerin
Léopold Pellerin est né le 21 janvier 1924 ; il est le fils de Delphis et d’Eugénie Pellerin. Le 5 septembre 1959 à Saint-Aubert, il épouse Bertha Langlois, fille de Salluste et de Léa Desrosiers. Il est décédé le 6 avril 1999. Monsieur Pellerin travaillait le fer forgé ; sa boutique était située au 87, Principale Est. Son homomyme (1929-2016, fils de Joseph et de Maria Gaudreault) était plâtrier.

Abel Pelletier
Abel Pelletier (1907-1977) va chercher conseil auprès d’un vieux du village qui prétend connaître le secret pour fabriquer les meilleures raquettes et apprend le reste par lui-même. Il commence à fabriquer des raquettes en 1938 dans ses temps libres en hiver10. Il coupe les frênes, les taille en baguettes et les plie à la vapeur pour leur donner leur forme. Il va à l’abattoir de Montmagny acheter les peaux de vache et les congèle en attendant de les découper en lanières. Il tresse ensuite ses cadres avec la babiche et voilà les raquettes. Toute la famille s’implique dans la fabrication au fil des ans et le « hobby » devient un art pratiqué toute l’année. En 1968, Abel et sa famille ont déjà confectionné 8 000 paires de raquettes11. La même année, la famille est invitée à s’installer au pavillon « Mon pays c’est l’hiver » lors de l’exposition Terre des Hommes à Montréal. Elle accepte l’invitation, fabrique des raquettes devant les visiteurs et repart à la fin de la saison avec des commandes pour tout l’hiver12. Outre les raquettes, les Pelletier fabriquent des harnais et des fonds de chaise. La famille continue ses activités jusqu’au milieu des années 1980 et elle est invitée à plusieurs salons d’artisanat.

Figure 4 - Alice Pelletier et sa mère Marie-Ange Ouellet (1921-1991) tissant des raquettes13

Exploitations industrielles
Saint-Aubert a connu quelques petites entreprises industrielles mais la plupart n’existent plus aujourd’hui.

Beurrerie
Albert Tremblay, secrétaire pour le Syndicat des cultivateurs de Saint-Aubert, est fabricant de beurre en 190414. En 1913, le Syndicat participe à une exposition en Nouvelle-Angleterre15. En 1911, Saint-Aubert se dote d’une beurrerie ; Louis-Joseph Bois en est le propriétaire et Albert Tremblay le beurrier. Honorius Fournier remplace monsieur Tremblay de 1916 à 1923 puis c’est l’arrivée d’Edmond Morneau (1899-197016). Ce dernier achète le bâtiment de Boniface Bélanger le 18 janvier 192717. Ses moyens sont limités et il vend la beurrerie, à réméré, à son père Tobie le 27 juin 192718. La fabrique est complètement détruite par les flammes le 2 novembre 1929 ; c’est une entreprise essentielle pour les cultivateurs et on reconstruit rapidement. Monsieur Morneau a encore besoin de capitaux et il vend de nouveau à réméré à son père en 1931 et 193219. En août 1948, il finit de rembourser son père et devient entièrement propriétaire de l’entreprise20. En 1937, la beurrerie a produit 80 000 livres de beurre dont 20 000 vendues localement et 60 000 à des marchands en gros. Elle était alimentée par 185 producteurs laitiers ayant fourni 305 358 livres de lait et 205 040 livres de crème21. Monsieur Morneau donne du travail à quelques employés dont Laurent Daigle de 1942 à 1965. De 1965 à 1969, c’est Roger, le fils d’Edmond qui vient remplacer monsieur Daigle. Ce sont les derniers beurriers de Saint-Aubert. Pour de plus amples informations sur la beurrerie de Saint-Aubert, consulter l’article de Joseph-Arthur St-Pierre paru dans l’Attisée de juin 200222.

Figure 5 - Étiquette de beurre de J. Edmond Morneau23

Figure 6 - Ancien édifice de la beurrerie24



Thomas Caron (entrepreneur en construction)
Thomas Caron (1858-1919) a été un important entrepreneur en construction. Il a vécu dans la maison d’Onésime Robichaud à l’ouest du cimetière (54, Principale Ouest) à partir du 15 août 188525. Il a construit et réparé de nombreuses églises et autres bâtiments de La Durantaye à Rimouski. Fernand Caron lui a consacré un livre qui relate sa vie et ses œuvres : De pères en fils constructeurs : Thomas et Jos-Thomas Caron.

Armand Desrosiers 
(moulin à scie et fabricant de portes et fenêtres)
Armand Desrosiers (1916-2009) est le fils de François et de Marie-Louise Pellerin. Le 4 juillet 1938 à Saint-Aubert, il épouse Yvonne Beaulieu fille du meunier Joseph et d’Amanda Gagnon. Yvonne décède le 13 mars 1962 et Armand convoite en secondes noces Delourdes Dubé le 22 juin 1963 à Saint-Laurent de Montréal; elle est la fille de Gildas et de Léda Mercier26.

Armand débute sa carrière de menuisier chez Aubert Cloutier27. Il fonde sa propre entreprise dans les années 1940 où il fabrique des portes et des fenêtres. En 1949 lors de la construction de la route dans la Côte de Saint-Aubert, il déplace son entreprise et ajoute une scierie. Il a cessé ses opérations en 1982 et ses installations sont démantelées28.

Figure 7- Entreprise d’Armand Desrosiers en 197729


NOTES

  1. Bibliothèque et Archives Canada, Recensements de St-Aubert 1871, 1881 et 1901.
  2. Ministère des Affaires Municipales, de l’Industrie et du Commerce de la Province de Québec, Inventaire des ressources naturelles et industrielles 1938 – Comté municipal de L’Islet, Québec, 1938, p. 63.
  3. « Accident fatal », Le Soleil, 55e année, no 277, Québec, 21 novembre 1936, p. 2.
  4. Op. cit., Inventaire des ressources naturelles et industrielles 1938 – Comté municipal de L’Islet, p. 73.
  5. Histoire de St-Aubert 1856-1975, association Historios, 151 p.
  6. « Sacristie transformée en salon funéraire », Le Soleil, Québec, 26 août 1977, p. B2.
  7. Collection de photos du projet Historios, photo no 149, 1975.
  8. « Charles-E. Harpe, l’un de nos plus beaux esprits, mais si méconnu... », informations tirées du site Internet : http://glanureshistoriquesduquebec.blogspot.com/2020/05/charles-e-harpe-lun-de-nos-plus-beaux.html le 20 mars 2022.
  9. Bibliothèque et Archives Canada, Recensements de St-Aubert de 1881 à 1921.
  10. Claire Harting, « Les belles raquettes de chez nous sont signées Pelletier », Photo-journal : tout par l’image, vol 34, no 15, Montréal, 2 août 1970, p. 24.
  11. « En 40 ans, ce couple a fabriqué 8000 paires de raquettes! », Photo-journal : tout par l’image, vol 32, no 21, Montréal, 11 septembre 1968, p. 21.
  12. Pierre Julien, « Comment tisser les raquettes  », La Patrie, 91e année, no 3, Montréal, 18 janvier 1970, p. 4.
  13. Ibid.
  14. « Fabrication du beurre – Bulletin de St-Aubert », Le Soleil, vol 9, no 58, Québec, 7 mars 1905, p. 2.
  15. « Liste des personnes qui ont exhibé des produits aux expositions de la Nouvelle-Angleterre en 1913 », Le Peuple, vol 14, no 37, 12 juin 1914, p. 6.
  16. J.-A. St-Pierre, « La beurrerie de Saint-Aubert », L’Attisée, vol 19, no 6, St-Jean-Port-Joli, juin 2002, p. 18-18.
  17. Greffe de Me Émile M.-Deschênes, Vente à réméré d’Edmond Morneau à Tobie Morneau, lot 107, minutes 1074, 27 juin 1927, no enregistrement 51 471.
  18. Ibid.
  19. Registre foncier du Québec, Vente à réméré d’Edmond Morneau à Tobie Morneau, lot 107, 12 août 1931 et 2 septembre 1932, nos enregistrement 54 001 et 54 585.
  20. Registre foncier du Québec, Vente à réméré d’Edmond Morneau à Tobie Morneau, lot 107, 12 août 1931 et 2 septembre 1932, nos enregistrement 54 001 et 54 585.
  21. Ministère des Affaires Municipales, de l’Industrie et du Commerce de la Province de Québec, Inventaire des ressources naturelles et industrielles 1938 – Comté municipal de L’Islet, Québec, 1938, p. 33.
  22. Registre foncier du Québec, Rétrocession de Tobie Morneau à Edmond Morneau, lot 107, 17 août 1948, no enregistrement 67 226.
  23. Crèmerie St-Aubert – « J. Edmond Morneau », image tirée du site Internet : https://laiteriesduquebec.com/laiteries/st-aubert.htm le 18 décembre 2021.
  24. Histoire de St-Aubert 1856-1975, association Historios, 1975, collection de photos, photo no 75.
  25. Greffe de Me Pamphile-Gaspard Verreault, Vente par Onésime Robichaud à Thomas Caron, minutes 4909, 15 août 1885
  26. Société de généalogie de Québec, Index des mariages du Québec 1926-1997.
  27. Informations fournies par Rose-Hélène Fortin en entrevue le 27 juillet 2021.
  28. André Robichaud, Une traversée dans le temps … à l’abri de l’oubli – Saint-Aubert 1858-2008, édition La Plume d’Oie, 2009, p. 123-124. L’ancienne route 204 (24 à l’époque) passait par la Route de l’Église; c’est en 1949 que le tronçon de la Côte de Saint-Aubert a été construite pour désengorger le village.
  29. Histoire de St-Aubert 1856-1975, association Historios, 1975, collection de photos, photo no 78.



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