Le jardin de la Passion
par Journal L'Attisée le 2022-07-15
PAR ISABELLE PARADIS
Dans le cadre de mon travail comme préposée à domicile, j’ai le privilège et l’honneur de rencontrer de magnifiques personnes au grand vécu, une variété de généreux destins. J’ai, à un certain moment, travaillé chez un couple extraordinaire qui, au fil des années, a érigé un jardin original, agrémenté de sculptures animées et d’une petite fermette. Situé à Saint-Aubert, Mon Jardin Animé est depuis plusieurs années un jardin inusité que nous pouvons visiter.
L’an dernier, j’ai parcouru Les Jardins de Gisèle, vaillante dame qui, tout au long de sa longue vie, a bâti à coups de pelle et de pioche, seule avec sa volonté et sa passion, ce grand jardin de près de 2 acres. Mme Lebrun-Gagnon offre aujourd’hui sa surprenante réalisation à la population pour le plaisir de nos yeux et de notre coeur.
Je pourrais nommer le jardin du Musée de la mémoire vivante, mené par des bénévoles enthousiastes, des jardins de sculptures d’artistes fantastiques ou tant d’autres endroits, commerciaux ou pas, qui nous élèvent et nous procurent de la douceur, de la beauté et du bien-être.
Je pense à cela en plongeant mes mains dans la terre, à brasser nos complices florales. Combien y a-t-il de ces réalisations desquelles la population peut profiter suite à la détermination de gens enflammés ? Et combien d’autres créations ne seront jamais accessibles à tous, comme mon luxuriant jardin de fleurs que j’ai laissé derrière moi dans les Laurentides ? Mais ces projets ont par-dessus tout l’importante fonction de garder vivant notre lien avec Terre-Mère, et aussi – et surtout - avec notre espace intérieur qui se nourrit pleinement des sentiments que ces actions génèrent. Et là, je parle de fleurs parce que j’y ai grand intérêt mais j’aurais pu parler de tant de formes de créations, artistiques ou autres, toutes aussi importantes les unes des autres.
Mais ce qui m’interpelle et me fait réfléchir ce matin lorsque je repense à cet étonnant jardin vivant, c’est la réaction de mon garçon à qui j’avais fait visiter l’endroit, avec ses tout-petits. Ils furent, bien sûr, émerveillés. Mais le plus merveilleux fut certainement l’observation de ce gaillard de 25 ans, au sortir de cette expérience, disant avec intention :
« Ouais, on passe pas mal trop de temps sur nos téléphones… ». Oui, la passion, c’est du temps, beaucoup de temps, de la volonté, de l’énergie, et aussi de l’investissement. C’est un don de soi à un intérêt que nous avons pour quelque chose de plus grand que nous. Ce sont des réalisations qui viennent du cœur, sans arrière-pensée autre que de s’offrir du bonheur ; et, heureuse conséquence, offrir aussi à ceux et celles qui nous entourent et parfois au-delà, une parcelle de lumière et d’amour que notre intérieur reflète sur la terre.
Quelle chance avons-nous que certaines personnes aillent au bout de leurs passions et se permettent de les ouvrir aux autres. C’est la grande mosaïque du social qui se dessine par chacun des petits gestes pieux que chacun dépose dans le grand dessin du monde. Et forcément, ça rend la vie plus belle et florissante.
L’œil de la beauté se balance
Contre la lourdeur du temps
Il tangue vers les sentiers lumineux de la Terre-Mère
Sous l’aile de la perdrix
Dansant au vent de la nuit
La vie s’inscrit et se déploie
Vers l’immensité de sa richesse.
Nature vivante qui orne nos cœurs
en soif de visions nourrissantes.