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Il était une fois des villages autonomes – Saint-Aubert (suite) Juin 2022
par Journal L'Attisée le 2022-06-24


Dépanneurs, épiceries et autres commerces d’alimentation
Plusieurs dépanneurs, épiceries et autres commerces d’alimentation ont eu pignon sur rue à Saint-Aubert. Il n’a pas été possible d’en retrouver une liste exhaustive ; les prochains paragraphes nous en présentent quelques-uns.

Camille Chouinard
Camille Chouinard (1902-1983) est le fils de Joseph-Marcel et d’Anne-Marie Chouinard. Le 14 décembre 1934, il reçoit un terrain avec dépendances (87, Principale Ouest) d’Alfred Duval (1861-1941) et de son épouse Marie-Louise Pelletier (1857-1937). Il exerce déjà le métier de boucher à cette époque1. Monsieur Chouinard vend son commerce à François Chouinard (1909-1968), époux de Marie Blier, le 24 avril 1954. Ce dernier le revend ensuite à Albert Fournier (1915-1989), époux d’Hélène Fortin (1914-1985), le 1er septembre 19552. Le 4 mai 1965, monsieur Fournier vend certains de ses actifs à son fils Sarto; ce dernier exploite alors l’épicerie avec d’autres membres de sa famille dont André et Richard. Le dernier acquiert un terrain au 751, Route de l’Église à Saint-Jean-Port-Joli en août 1977. Il relocalise l’épicerie à cet endroit et l’exploite sous la raison sociale Marché Richard Fournier4. Il est poussé à la faillite en mars 1983 et tous ses actifs sont alors mis en vente5.

Figure 6- Ancienne épicerie d’Albert Fournier6


Salluste Daigle

Salluste Daigle (1879-1954) est le fils de Narcisse et d’Angèle Fortin. Le recensement de 1921 nous apprend qu’il est voyageur de commerce. Les listes d’électeurs de 1935 à 19497 indiquent qu’il exploitait un petit dépanneur ; le commerce était situé dans les environs du 122, du 3e Rang Est. Il a vendu sa maison à Jean-Baptiste Lord8.

Léopold Duval

Léopold Duval (1918-2003) est le fils de Théophile (1890-1965) et d’Emma Dubé (1888-1976). Son arrière-grand-père, son grand-père et son père ont tous été commerçants. Théophile exploite un magasin général à Saint-Jean-Port-Joli (4, chemin du Roy Ouest, devenu Résidence funéraire De la Durantaye et Fils) entre 1923 et 19579. Léopold est initié au monde des affaires dès son plus jeune âge et travaille pour son père dès l’âge de 10 ans10.

Théophile ne voulant pas voir partir son fils unique pour la guerre, et sachant que les cultivateurs bénéficient d’une exemption, lui achète une terre agricole à Saint-Aubert. Il espère que son fils revienne à Saint-Jean-Port-Joli une fois la guerre terminée. Les choses ne se passent pas comme prévu et Léopold s’attache à la terre ; il s’intéresse à l’agriculture et à l’exploitation d’une érablière.

Léopold débute lentement dans la commerce alimentaire au début des années 1940 en vendant des boissons gazeuses. En temps de guerre, l’argent et le pouvoir d’achat ne manquent pas, mais les denrées sont rares. Il faut développer des trucs pour se procurer de la marchandise. Léopold se rend alors à Saint-Roch où il y a une cannerie. Il doit arriver lorsque la production est encore en marche. Il charge des boîtes de conserve, non libellées, encore chaudes avec des mitaines d’amiante pour ne pas se brûler.
La distribution augmente peu à peu. La cuisine d’été sert de premier entrepôt et le salon de bureau. Tous les moyens de transport sont bons. Au début, on utilise un cheval tirant une sleigh, le train et le snow-mobile en hiver. Un premier camion est acheté avec l’amélioration des routes, puis un deuxième et on continue de tout améliorer. Au fil des ans, J.L. Duval achète 3 grossistes et implante quatre entrepôts libre-service. Les enfants prennent tranquillement la relève à partir des années 1960. Le chiffre d’affaires est de 1,6 M $ en 1968 et passe à 53 M $ en 1986. La compagnie possède alors 9 camions qui parcourent 500 000 kilomètres annuellement. Son territoire couvre la Côte-du-Sud en passant par la Beauce et la Mauricie11. L’inscription officielle de la compagnie (J.L. Duval Ltée), le 1er novembre 1979, indique qu’elle a été constituée il y a 43 ans12. C’est au cours de cette année que l’entrepôt de Saint-Jean-Port-Joli est construit13.

En 1985, J.L. Duval possède cinq entrepôts desservant les bannières Servi, Extra, Scout et Normandie ; elle emploie alors 60 personnes. À la fin de cette même année, la compagnie acquiert D. Leduc inc. de Grand-Mère consolidant ainsi sa distribution en Mauricie14. Métro-Richelieu fait l’acquisition de J.L. Duval en mars 1996 et investit 400 000 $ pour centraliser les opérations à Saint-Jean-Port-Joli. Un agrandissement de 5 000 pieds carrés adjacent à l’entrepôt est construit pour relocaliser l’administration qui avait toujours été à Saint-Aubert15. L’entrepôt de Saint-Jean-Port-Joli emploie actuellement environ 80 employés16.

Florent Lord
Florent Lord ouvre une petite épicerie (429, route 204) dans les années 1950 juste au nord de son hôtel. Il vend à Cyr-André Dumas en septembre 1966 qui rénove et agrandit le commerce au fil des ans17. Mario St-Pierre fait l’acquisition du commerce le 1er juin 1999 et le renomme Alimentation St-Pierre et joint la bannière Marché Richelieu en septembre 201418. Il vend le commerce à Francis St-Pierre le 1er avril 2015. Ce dernier entreprend des rénovations dans le but de s’adapter au marché du vingt et unième siècle ; il ajoute une nouvelle chambre froide à bières, un comptoir de viandes fraîches, une section de vin revampé et une nouvelle décoration. Le tout est inauguré le 30 juin 201519.

Figure 7- Épicerie Florent Lord dans les années 196020


Alfred Picard (boulanger)
Alfred Picard est né le 28 février 1890 à Sainte-Louise ; il est le fils de Fabien et de Délima Ouellet. Il participe à la construction du chemin de fer Transcontinental autour de 1910 alors qu’il habite à Sainte-Perpétue. Il s’initie ensuite au métier de boulanger en travaillant sur le train21. Le 7 mai 1912 à Saint-Pamphile, il épouse Georgiana Soucy fille de Georges et de Virginie Pelletier. À la fin de l’hiver 1912-1913, il s’amène à Saint-Aubert et achète la boulangerie de Thomas Ouellet (30, Principale Ouest)22. Il exploite son commerce sous la dénomination « Boulangerie Picard ». Le 2 août 1927, il est nommé juge de paix ; il détiendra ce titre pendant 67 ans constituant un record pour cette fonction23. Son fils Armand commence à l’assister à la fin des années 194024. Alfred déménage au 10 Principale Ouest en 195425 et il prend sa retraite en 1955. Son épouse Georgiana décède le 9 mai 1966 26; il se remarie le 11 juin 1974 à Saint-Aubert avec Marguerite Castonguay, fille de Charles et d’Emma Dupont. Ce deuxième mariage est de courte durée et Marguerite décède le 9 janvier 197527.
Figure 8- Armand Picard, boulanger comme son père28

Alfred reste actif après sa retraite ; il fait un grand jardin en été, car le travail ne tue pas selon lui. Il aime conter des histoires pour faire rire, faire de petites balades, lire le journal Le Soleil et fumer la pipe ; une chose qu’il fait depuis l’âge de 10 ans. Le 28 février 1990, on célèbre son centenaire en famille à la maison en pleine tempête de neige. Ses 29 petits-enfants et 48 arrière-petits-enfants viennent le visiter en l’espace d’une semaine. Le 20 mai 1990, la municipalité organise une grande fête en son honneur ; plus de 150 personnes viennent lui rendre hommage à l’école Aubert de Gaspé. Denis Charrois, maire à cette époque, lui remet une sculpture souvenir. Il est lucide et joyeux, mais un peu sourd.

Alfred décède le 7 mars 1994 à son domicile et ses funérailles sont célébrées le 12 ; il est le premier à décéder à un âge aussi avancé à Saint-Aubert. Six enfants sont nés du premier mariage d’Alfred ; ce sont Maurice (1913-1987), Roger (1915-1975), Thérèse (1918-2015), Lucienne (1919-2012), Robert (1921-1982) et Armand (1924-2002). Ce dernier abandonne le métier de boulanger en 1967. Alfred a été marguillier en 1941 en remplacement d’Érasme St-Pierre29 et membre du conseil des Lacordaires30.

Roger Robichaud
Roger Robichaud exploitait un petit dépanneur chez son père Wilfrid dans le rang des Jumeaux-Pelletier.

Suite dans le prochain numéro.


NOTES

1 Greffe de Me Émile M.-Deschênes, Donation d’Alfred Duval et de Marie Louise Pelletier à Camille Chouinard, lot 171, minutes 3500, 14 décembre 1934, no enregistrement 55 560. 

2 Greffe de Me Émile M.-Deschênes, Vente de François Chouinard à Albert Fournier, lot 171, minutes 17 225, 1er septembre 1955, no enregistrement 74 444.

3 Greffe de Me Émile M.-Deschênes, Vente d’Albert Fournier à Sarto Fournier, lot 171, minutes 26 157, 4 mai 1965, no enregistrement 86 030. 

4 Registre foncier du Québec, Vente de Marcel Bélanger à Richard Fournier, lot 453, 18 août 1977, no enregistrement 108 803. 

5 « Avis de vente par soumission », Le Soleil, 87e année, no 64, Québec, 12 mars 1983, p. E-10. Faillite du Marché Richard Fournier. 

6 Photo tirée du site Google Maps le 27 février 2022. 

7 Bibliothèque et Archives Canada, Listes des électeurs de St-Aubert de 1935 à 1949. 

8 Informations fournies par Fernande Fournier en entrevue téléphonique le 26 septembre 2021.

9 Culture, Communications et Conditions féminines Québec, Circuit du patrimoine bâti – Saint-Jean Port-Joli, p. 10.

10 Claire Gagnon, « J.L. Duval de Saint-Aubert : Un grossiste qui a su grossir », L’Attisée, septembre 1987, p. 6-7.

11 Claire Gagnon, op. cit. 

12 Entreprises Québécoises, J.L. Duval Ltée, informations tirées du site Internet : www.quebecentreprises.com/j-l-duval-lt-e-l3ge/ le 27 février 2022. 

13 St-Jean-Port-Joli, Rôle de taxation pour le 61, 2e Rang Est, information tirée du site Internet : https://e-services.acceo.com/immosoft/controller/ImmoNetPub/U4051/viewImmeuble?fourn_seq=454&IdImmeuble=&session_id=AC8C241C2F8E2FB434E57E935EFF4081 le 27 février 2022. 

14 Michel Cloutier, « Fusion Leduc-Duval », Le Nouvelliste, 66e année, no 4, Trois-Rivières, 2 novembre 1985, p. 25.

15 Michel Chassé, « Investissements de 400 000 $ centralise ses opérations à Saint-Jean-Port-Joli », L’Oie Blanche, vol 11, no 31, Montmagny, 3 août 1996, p. 5.

16 Profile Canada, Métro-Richelieu, information tirée du site Internet : www.profilecanada.com/companydetail.cfm?company=117183_Metro_Richelieu_Saint-Jean-Port-Joli_QC le 27 février 2022. 

17 Registre foncier du Québec, Vente de Florent Lord à Cyr-André Dumas, lot 112, 9 septembre 1966, no enregistrement 87 869. 

18 Greffe de Me Roger Ouellet, Vente de Alimentation André Dumas Inc. à Cyr-André Dumas à 9077-2708 Québec Inc, lot 112, minutes 2579, 1 septembre 1966, no enregistrement 154 653. 

19 « Nouveau décor pour Alimentation St-Pierre », Le Placoteux, 17 août 2015, informations tirées du site Internet : https://leplacoteux.com/nouveau-decor-pour-alimentation-st-pierre/ le 4 septembre 2021.

20 Histoire de St-Aubert 1856-1975, association Historios, 1975, collection de photos, photo no 76. 

21 « Sainte-Louise », Le Peuple, vol 12, no 2, Montmagny, 6 octobre 1911, p. 6.

22 « Sainte-Louise », Le Peuple, vol 13, no 29, Montmagny, 18 avril 1913, p. 5. 

23 Le Soleil, Québec, 11 janvier 1951, p. 20. 

24 Bibliothèque et Archives Canada, Liste des électeurs de 1949, 1953, 1957, 1958, 1962 et 1963. 

25 Registre foncier du Québec, Vente de Lionel Leclerc à Alfred Picard, 27 septembre 1954, no enregistrement 73 339. 

26 « Avis de décès », L’Action catholique, 59e année, no 17,657, Québec, 11 mai 1966, p. 25. 

27 « Décès et avis divers », Le Soleil, 79e année, no 13, Québec, 11 janvier 1975, F15. 

28 Armand Picard, Archives privées, courtoisie de Raymond Picard. 

29 « St-Aubert de L’Islet », Le Soleil, 60e année, no 11, Québec, 11 janvier 1941, p. 20. 

30 « Belle fête Lacordaire à St-Aubert », Le Soleil, 70e année, no 103, Québec, 2 mai 1951, p. 12.



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