PAR RACHEL GROU

Ne vous méprenez pas, je n’ai pas lu TolstoÏ. Aurai-je envie un jour de m’aventurer entre les pages de ce pavé ? Qui sait ? Il s’agit plutôt ici des deux thèmes abordés via mes suggestions.

La guerre est, hélas, toujours d’actualité, quelle que soit la période de l’Histoire. Nous en sommes tristement témoins.

Replaçons-nous d’abord durant la Seconde Guerre mondiale en parcourant le Journal à quatre mains (première édition en 1962) des sœurs Benoîte et Flora Groult (de lointaines cousines, peut-être ?). De mai 1940 à janvier 1945, à Paris sous l’occupation, chacune a tenu un journal. On y parle de la guerre bien sûr mais aussi de la vie quotidienne, des amitiés et des amours naissantes. J’ai été subjuguée par la qualité d’écriture et la maturité dont font preuve les deux sœurs d’autant plus qu’à l’époque la plus jeune n’a pas 20 ans et l’aînée un peu plus. Le 20 janvier 43, Benoîte écrit : C’est un peu comme une grossesse : maintenant que nous avons commis l’imprudence de recevoir l’Allemagne dans notre lit, il faut en supporter les conséquences : il n’y a pas d’autre issue que l’accouchement dans la douleur, au fer et au canon.

Qui dit guerre dit populations déplacées, migration forcée. C’est le sujet abordé par Eldorado de Laurent Gaudé (2006). Univers d’hommes et de femmes rêvant d’un ailleurs, de meilleures conditions de vie. On suit le destin de quelques-uns, qu’un fil conducteur relie. Dans ce paysage que nous ne connaissions pas, le guide nous mène jusqu’à une route. Ici se côtoient espoir et désespoir, égoïsme et solidarité. Gaudé sait décrire les états d’âme, les aspirations, les déchirements des protagonistes.

La guerre n’est pas toujours affaire de nations, d’armes et de bombes. Il s’agit parfois de combats intérieurs. C’est ce que nous propose Faire les sucres (2020), roman de Fanny Britt. Marion avait proposé qu’ils louent une maison à Martha’s Vineyard. Elle ignorait qu’un événement durant leur séjour serait à l’origine de grands bouleversements. Destins croisés de divers personnages : outre Marion, son compagnon Adam, les enfants, une jeune Américaine, une famille d’acériculteurs. La réussite et la fortune cachent parfois de sombres tiraillements, ne garantissent pas le bonheur. (bibliothèque Charles-E.-Harpe, collection Réseau)

Maintenant allons vers la paix. C’est ce qu’on ressent en lisant Femme forêt (2021) d’Anaïs Barbeau-Lavalette. Livre très poétique, ode à la nature, aux choses simples. Deux familles s’éloignent de la ville pour fuir l’effervescence, pour se rapprocher de l’essence de la vie. L’enfant traite le merveilleux avec la délicatesse des sages. Une très belle plume ! (bibliothèque Charles-E.-Harpe, collection locale). Bonne lecture !