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Il était une fois des villages autonomes (suite) DÉCEMBRE 2021
par Journal L'Attisée le 2021-12-17


Chacune de nos trois municipalités comptait jadis un bien plus grand nombre de commerces et de services. Plusieurs ont disparu il y a fort longtemps mais la plupart se sont éclipsés au cours des 50 dernières années. Chaque paroisse était presque autonome et il n’était pratiquement pas nécessaire d’aller magasiner ailleurs que dans son propre patelin. 

Saint-Damase

Les entrepreneurs et les gens d’affaires

Certains noms sont revenus à plusieurs reprises comme vous avez pu le remarquer et malgré tout il reste des sujets qui n’ont pas été abordés. Examinons de plus près le nom de ces hommes et de ces femmes qui se sont impliqués dans l’économie de Saint-Damase.

 
Figure 23- Félix Bélanger

Félix Bélanger a été très impliqué au niveau de Saint-Damase ; il a été maître de poste, marchand, commissaire d’école et juge de paix1. Xavier Giasson était un véritable patenteux de l’avis de ses descendants. Il possédait de nombreuses terres à bois et en faisait le commerce. Il a opéré un moulin à scie sur l’ancien site de Pierre-Henri Morin (1802-1883). L’emplacement de sa meunerie n’a pu être établie avec certitude2.


Figure 24- Thérèse Lord et Laurent Cloutier

Laurent Cloutier a d’abord été bûcheron puis commerçant de bois. En 1961, il commence à prêter une pièce de sa maison pour en faire un salon funéraire. Sa première épouse, Thérèse Lord, aurait été la première personne exposée dans la maison. Plusieurs personnes ont ensuite été exposées dans la maison de Laurent jusqu’aux années 1970 alors que le service est transféré à la sacristie de l’église. La première épouse de Laurent, Thérèse, a été maître de poste puis propriétaire du dépanneur du village. Elle a aussi été distributrice des produits Avon en plus d’être organiste à l’église pendant plusieurs années. Marie-Jeanne, la seconde épouse de Laurent, a maintenu le dépanneur en opération jusqu’à sa retraite. Joseph-David Cloutier, le frère de Laurent, avait l’âme d’un véritable entrepreneur. Outre son implication dans le commerce, il a été président de l’OTJ et s’est occupé de la société Saint-Jean-Baptiste. Il aurait pu faire encore davantage s’il n’était pas décédé si jeune.

Figure 25- Armand Gamache

Armand Gamache (1909-2003) fait figure de proue dans l’aviculture dans tout le comté de L’Islet. Il débute avec un petit élevage de dindes dès 1936 alors qu’il habite sur la route Elgin. Il déménage à Saint-Damase en 1941 et construit son premier poulailler en 1945. Il en construit d’autres au fil du temps puis passe à l’élevage du poulet à la fin des années 1950. Entretemps, il transforme un de ses poulaillers en abattoir temporaire et y installe un équipement dont il est copropriétaire avec Antoine Picard. Il distribue de la moulée et en 1961, avec d’autres partenaires, il fait construire la Meunerie Avicole Régionale Ltée. Les réalisations de monsieur Gamache inspirent un grand nombre de personnes et la construction de poulaillers explose partout à Saint-Damase et dans les municipalités environnantes dans les années 1960. Au fil du temps, les petits poulaillers cessent d’opérer et vendent leurs quotas aux plus gros. Les grandes fermes d’Hervé Bélanger (1930-2019), Bertrand Ouellet (1931-2008), Denis Pelletier (1929-2011) et Raymond Pelletier (1929-2009) ont été en partie inspirées de monsieur Gamache. Aujourd’hui les survivants de l’aviculture dans la MRC de L’Islet sont de véritables entreprises commerciales qui nourrissent tout le Québec3. Amable Gamache (1914-1983) a l’esprit d’entrepreneur comme son frère Armand. Il est barbier, facteur, restaurateur, pompiste, commerçant de bois et maire de 1956 à 1961.


Figure 26- Florent Lord

Florent Lord fait l’acquisition d’un restaurant à Saint Aubert (435, route 204) en 1952 ; il le transforme en hôtel et l’opère pendant 15 ans. En 1966, il se porte acquéreur d’une épicerie à Saint-Damase (173, route 204) qu’il exploite pendant 10 ans. Il fait le commerce du bois et d’automobiles puis fait construire un garage à Saint-Jean-Port-Joli. Il achète des chalets au lac Trois-Saumons qu’il rénove et revend. Il fait construire un garage à Saint-Damase et commence alors à acheter des maisons qu’il revend ou loue. Il a aussi fait creuser des lacs qu’il a ensemencés. Le commerce, c’est la vie de Florent4.


Figure 27- Hervé Bélanger

Hervé Bélanger (1930-2019) a été aviculteur et fondateur de l’entreprise de couture C.G.H. Son frère Claude a occupé plusieurs emplois de gérance et a participé à la création de quelques entreprises : Thériault Auto (1960-1966), Meunerie Avicole Régionale (1966-1970 et 1975-1976), Garage Bombardier (1970-1975), Couture C.G.H. (1977-1987), Commuter (1987-1993) et salon de quilles de Saint-Jean-Port-Joli (1993-2000) avant de prendre une retraite bien méritée. Claude s’est impliqué au niveau municipal. Il a fait beaucoup de bénévolat en conduisant des personnes sans moyen de transport ou ne pouvant plus conduire5.


La liste ci-dessus est loin d’être exhaustive. Certains noms resteront dans l’ombre parce qu’ils sont tombés dans l’oubli ou parce qu’il n’a pas été possible d’obtenir d’informations à leur sujet. Les femmes n’ont pas beaucoup été mises en évidence mais quand on y regarde de plus près, on remarque qu’il y a presque toujours une femme derrière chaque grand homme. Le tableau suivant tiré des listes d’électeurs de Saint-Damase nous permet de rattraper quelques noms6.



Et le futur dans tout ça
Si la plupart des commerces dont nous avons raconté l’histoire n’existent plus, il demeure tous de même un héritage de ceux-ci. Le groupe Vico et les grands producteurs avicoles en sont deux exemples bien évidents. La municipalité est essentiellement agricole avec ses producteurs ovins, bovins, caprins, avicoles, acéricoles et de cèdres ; la forêt occupe la majeure partie du territoire et offre certaines possibilités. Des petits entrepreneurs offrent des services de transport, d’excavation, de terrassement, de garage, de salon de coiffure et de garde-malade. Il n’y a pas de zone industrielle ; ce qui limite passablement les possibilités. Certaines personnes issues de la paroisse se sont illustrées ailleurs et constituent une source d’inspiration pour tous ceux qui souhaiteraient partir en affaires.

On ne saurait dire ce que réserve l’avenir mais il semble se dessiner une tendance au retour vers la campagne avec l’économie numérique. Il n’est plus nécessaire d’habiter en ville pour travailler au gouvernement et dans beaucoup d’entreprises de services. Les petites municipalités doivent être proactives pour attirer ces travailleurs à distance qui recherchent une oasis de tranquillité pour élever leur famille. Elles doivent être ouvertes à l’émigration qui peut renouveler la population et amener de l’entrepreneuriat. Le vent souffle sur le commerce de proximité et écologique ; il ne faut pas rater le train. Les municipalités doivent aussi travailler en partenariat pour se complémenter et non compétitionner les unes contre les autres.


1 Gazette officielle du Québec, Causes entendues par les juges de paix, vol 40, no 9, Québec, 29 février 1908, p. 477.

2 Informations fournies par Jean-Paul Giasson lors d’une conversation le 8 août 2020.

3 Sylvain Lord, Histoire de l’aviculture dans L’Islet-Nord, L’Attisée, mai 2017 à février 2018.

4 Comité de l’album, L’Écho du passé, Les éditions Marquis Ltée, Montmagny, 1988, p. 262.

5 Comité de l’album, L’Écho du passé, Les éditions Marquis Ltée, Montmagny, 1988, p. 151.

6 Bibliothèque et Archives Canada, Listes d’électeurs de Saint-Damase pour 1935, 1940, 1945, 1949 et 1953. Certains noms reviennent à quelques reprises avec différents métiers; d’autres ne sont pas inscrits pour les périodes pendant lesquelles ils ont été en activité parce qu’ils n’ont pas été inscrits; d’autres ont exercé au-delà des périodes citées. Certains noms ont été abordés dans les sections précédentes mais les listes d’électeurs nous permettent de mieux les situer dans le temps.



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