Il était une fois des villages autonomes (suite) NOVEMBRE 2021
par Journal L'Attisée le 2021-11-20
Chacune de nos trois municipalités comptait jadis un bien plus grand nombre de commerces et de services. Plusieurs ont disparu il y a fort longtemps. Chaque paroisse était presque autonome et il n’était pratiquement pas nécessaire d’aller magasiner ailleurs que dans son propre patelin.
Saint-Damase
Meuneries-
Le rapport des ressources naturelles du comté de L’Islet de 1938 nous apprend que Xavier Giasson opère une meunerie. Elle a fonctionné 6 mois en 1937 et a produit 25 000 livres de mélange de grain destiné au bétail1. Il a aussi produit 25 000 livres de moulée d’avoine pour la même année2. Au début des années 1960, on voit apparaître des poulaillers aux quatre coins de Saint-Damase et la demande pour la moulée explose. Bertrand Ouellet (1933-2008), Raymond Pelletier (1929-2009), Denis Pelletier (1929-2011) et Jean-Baptiste Leclerc (1923-2010) songent dès lors à fabriquer leur propre moulée. Martial Tardif (1913-1977), alors employé de Shur-Grain leur propose de se joindre à Armand Gamache qui distribue déjà des moulées. En 1961, les protagonistes font construire la Meunerie Avicole Régionale Limitée à la sortie sud du village face à la route Bernier. La meunerie approvisionne une grande partie des aviculteurs et des cultivateurs de la région et emploie plus d’une dizaine de personnes (voir L’Attisée d’avril 2018). Les installations sont complètement détruites par un incendie le 13 octobre 1976 ; un moteur électrique a surchauffé et a déclenché l’incendie. Les Meuneries Benoît Giard de L’Islet et Longchamps de Montmagny assurent ensuite les approvisionnements pendant qu’on évalue les options de reconstruction. Suite à l’insuffisance du règlement d’assurance incendie, les actionnaires décident alors de louer la meunerie de Claude Dumais à La Pocatière. En mai 1984, les opérations sont transférées à la meunerie de Benoît Giard de Ville de L’Islet alors que les actionnaires de la Meunerie Avicole Régionale s’en portent acquéreurs. Les opérations de cette entreprise continuent toujours à partir de L’Islet et la raison sociale porte désormais le nom de Groupe Vico.
Incendie de la Meunerie de Saint-Damase
(A.S.) Le mercredi 13 octobre, un incendie détruit entièrement les entrepôts de la Meunerie Avicole Régionale Ltée de Saint-Damase de L’Islet. Cette conflagration a nécessité la mobilisation de trois corps de pompiers, soit ceux de Saint-Damase, Saint-Jean-Port-Joli et Tourville.
Selon le gérant de l’établissement M. Claude Bélanger. Les pertes s’élèveraient entre 300 000 $ et 500 000 $. Quant à la cause de l’incendie, M. Bélanger prétend qu’une défectuosité d’un moteur électrique a pu être à l’origine de celui-ci. Une enquête plus approfondie sera effectuée d’ici quelque temps par les assureurs concernés.
Notons que la Meunerie de Saint-Damase procurait de l’emploi à 5 personnes et constituait un apport important pour les agriculteurs de cette paroisse et des environs3.
Incendie de la Meunerie de Saint-Damase
Le parc à chevreuil
En février 1954, Hébert Pelletier (1923-1996) et Omer St-Pierre (1905-1995) vendent une partie de leurs terres à Joseph-Hildevert Ouellet (1901-1966) de Saint-Jean-Port-Joli4. Il y a un lac naturel sur le site et monsieur Ouellet souhaite créer un parc pour des chevreuils. Il met en place une clôture et aménage le terrain pour recevoir les cervidés. Il prolonge le lac avec deux étangs et met en place des ponceaux. Le résultat est remarquable et tous les gens des environs affluent pour voir les chevreuils. Les fins de semaine, et particulièrement les dimanches, sont fort achalandés ; il y a des dizaines d’automobiles qui font la file pour observer. Monsieur Ouellet a installé un téléphone à manivelle entre son chalet dans le parc et la résidence d’Hébert Pelletier. Il n’a qu’un coup de fil à passer pour recevoir des produits de la ferme ou trouver un rameur pour le canot de madame Ouellet lorsqu’elle veut pêcher5.
Figure 22- Parc à chevreuils
Monsieur Ouellet a besoin d’un gardien pour le parc et le premier à occuper cette fonction est Hébert Pelletier. Arsène Daigle, Albert Daigle, un Lévesque de La Pocatière, monsieur Paquet et autres se sont relayés comme gardiens6. En août 1961, monsieur Ouellet vend son parc à Léonard Bourgault (1903-1977) de Saint-Jean-Port-Joli7 qui le revend ensuite à Yves Robitaille (1924-1996) de La Pocatière en juin 19718. En décembre 1996, la veuve de monsieur Robitaille vend le parc à Bernard L’Host9 qui le cède à Récupération fer et métaux Québec inc. en avril 200810.
Il n’y a plus de chevreuil dans le parc depuis le milieu des années 1980 ; la consanguinité était trop grande et cela a engendré des problèmes héréditaires. Les chevreuils ont été capturés et relocalisés. Les installations se sont dégradées depuis et il faudrait de gros travaux pour remettre le parc en bon état.
Suite dans le prochain numéro
- Ministère des Affaires Municipales, de l’Industrie et du Commerce de la Province de Québec, Inventaire des ressources naturelles et industrielles 1938 – Comté municipal de L’Islet, Québec, 1938, p. 36.
- Ministère des Affaires Municipales, de l’Industrie et du Commerce de la Province de Québec, Inventaire des ressources naturelles et industrielles 1938 – Comté municipal de L’Islet, Québec, 1938, p. 101.
- A.S., Incendie de la Meunerie de St-Damase, Le Peuple-Courrier, Montmagny, mercredi le 20 octobre 1976, p.7.
- Registre foncier du Québec, Vente d’Hébert Pelletier à J.H. Ouellet, lot 78, rang 1, canton Ashford, no enregistrement 72,631, 10 février 1954.
- Informations fournies par Priscille Pelletier en entrevue téléphonique le 21 août 2020.
- Ibid.
- Registre foncier du Québec, Vente de J.H. Ouellet à Léonard Bourgault, lot 78, rang 1, canton Ashford, no enregistrement 81,444, 28 août 1961.
- Registre foncier du Québec, Vente de Léonard Bourgault à Yves Robitaille, lot 78, rang 1, canton Ashford, no enregistrement 94,643, 10 juin 1971.
- Registre foncier du Québec, Vente de Thérèse Bouchard à Bernard L’Host, lot 78, rang 1, canton Ashford, no enregistrement 15,141,979, 15 avril 2008.
- Registre foncier du Québec, Vente de Bernard L’Host à Récupération fer et métaux Québec inc., lot 78, rang 1, canton Ashford, no enregistrement 151,019, 19 décembre 1996.