Il était une fois des villages autonomes (suite) OCTOBRE 2021
par Journal L'Attisée le 2021-10-15
Chacune de nos trois municipalités comptaient jadis un bien plus grand nombre de commerces et de services. Plusieurs ont disparu il y a fort longtemps. Chaque paroisse était presqu’autonome et il n’était pratiquement pas nécessaire d’aller magasiner ailleurs que dans son propre patelin.
Saint-Damase
Autres métiers-
Cléophas Ouellet
Les anciens recensements de Saint-Damase mentionnent que la plupart des chefs de familles sont cultivateurs et omettent souvent certaines catégories de métiers comme les beurriers, les charpentiers, les charretiers, les charrons, les couturières, les hôteliers, les menuisiers, les opérateurs de moulins, les petits industriels, les tonneliers et autres bien que certains aient été présents. Le recensement de 1861 nous indique que Louis Fournier est tonnelier et que son fils du même prénom est menuisier. On y apprend aussi que Louis Dionne est chasseur et qu’Adélaïde Pelletier est couturière. Le recensement de 1911 nous révèle que Jean-Baptiste Gagnon est industriel (il exploite en fait un moulin à scie au huitième rang), qu’Arsène et Victor Lebel sont commerçants, que Zéphirin Chouinard est ingénieur, que Louis Dubé et Alphonse Gamache sont charpentiers, que Caroline Dubé, Prudence Pruneau et Délima Ouellet sont couturières. Malgré tout il en manque puisqu’on sait que Cléophas Ouellet a été charpentier.
Bars et relais-
Il n’y a eu qu’un seul bar à Saint-Damase du milieu des années 1970 aux années 1980. Il était situé dans l’ancien garage d’André Bombardier (192, route 204). Deux relais saisonniers ont aussi existé. Le premier était situé dans le chalet de Maurice Dufour (1911-1997) dans la traverse de Pinguet ; il a été en opération avant les années 19701. L’endroit était très populaire pour toute la population environnante. Le chalet de monsieur Dufour a été démoli depuis plusieurs années. Le second était situé dans la cour du huitième rang ; il servait de point de rencontre pour les motoneigistes entre 1971 et 1982 et était chapeauté par le club des Cerfs du comté de L’Islet Inc2. Un des chalets de Florent Lord (1924-2000) a servi de premier relai avant qu’un nouveau bâtiment ne soit construit. Un service de nourriture rapide et de boisson a été instauré dans le nouveau refuge. Plusieurs personnes ont travaillé à ce refuge hivernal dont Denis Bélanger, Rose Lord et Hébert Pelletier qui en a été le gardien au début3. La maison d’Amable Pellerin dans le haut de la montagne servait de relai pour les gens qui voyageaient de Saint-Jean-Port-Joli à Saint-Pamphile. Ils allaient s’y restaurer et faire reposer les chevaux4.
Exploitations industrielles-
Une fromagerie-beurrerie est construite autour des années 1900 près de la route Ouellet au 5e rang. Elle est ensuite déménagée du côté est de la route Ouellet au 6e rang là où il y a une source d’eau qui coule. Télesphore Bélanger père (1883-1924), en a été l’opérateur pendant de nombreuses années5. Joseph Anctil (1888-1917) a aussi travaillé à cet endroit ; il s’occupait de la distribution en 1910-19116.
Joseph Gamache (1897-1963) et quelques membres de sa famille démarrent une usine de statues de plâtre dans les années 1930 au 5e rang. Quelques-unes de ses œuvres sont toujours en vue de part et d’autre de l’autel de l’église dont « Les anges à la lance ». Florent Lord (1924-2000) relance un commerce similaire dans les années 1950. Trois personnes y travaillent pendant environ 3 ans. Il fallait d’abord fabriquer les moules, couler les pièces puis les peindre. Monsieur Lord passait par les routes pour vendre ses statues, ses crucifix et différents bibelots. Le laboureur était la pièce dont il était le plus fier et qui était la plus populaire7.
Ancien atelier d'usinage Jos Plante
Joseph Plante (1933-2017) construit un atelier d’usinage mécanique près de sa maison (215, route 204) en 1980. L’atelier a été en opération une dizaine d’années avant de devenir ensuite un entrepôt pour le club sportif du lac Trois-Saumons. Monsieur Plante employait quelques machinistes. Hébert Dubé a construit une ferblanterie à côté de sa maison (137, route 204) au début des années 2000. Retraité, il travaillait pour le plaisir et rendre service. Ses opérations ont cessé avec son départ pour Québec en 2019.
Phydime Gaudreau (1922-1987) construit et administre un abattoir pour les gros animaux (bœufs et porcs principalement) vers 1967 au coin de la route 204 et du 7e rang (229, route 204). Il accommode les producteurs locaux et des environs. L’abattoir résiste aux politiques de fermeture des petits abattoirs. Monsieur Gaudreau travaille dans son entreprise tant et aussi longtemps que sa santé lui permet puis son fils Gilles prend la relève pendant une brève période. L’abattoir a été en opération pendant plus de 20 ans8. Le bâtiment appartient aujourd’hui à Transport Ducampro Inc.
Ancienne usine Couture C.G.H.
Couture C.G.H. ouvre ses portes le 4 janvier 1977 ; c’est le plus gros employeur à s’implanter à Saint-Damase depuis les débuts de la paroisse. On y fabrique surtout des pantalons et les produits finis sont expédiées à des compagnies montréalaises. Plus de 80 personnes travaillent chez Couture C.G.H. au plus fort de ses opérations. La concurrence est vive et la rentabilité n’est pas au rendez-vous de sorte que l’entreprise est vendue en janvier 1987. Tous les actifs de la compagnie ont été vendus par encan en mai 2000. Le nom de l’entreprise se référait aux prénoms de ses trois fondateurs : Claude Bélanger, Guy Castonguay et Hervé Bélanger (1930-2019)9.
Services-
Une caisse populaire est ouverte dans la résidence de Bernard Fortin (13, Village Est) le 12 mars 194210. Le comptoir de service est très exigu et on y annexe une roulotte dans les années 1970. Le 10 mars 1980, on aménage dans un tout nouveau bâtiment au 26, Village Est et Lyne Lord est nommée gérante de la succursale11. Autour des années 1991, la caisse populaire aménage dans de nouveaux locaux au 15, de la Rivière. Des regroupements de caisses populaires sont orchestrés et Saint-Damase perd son institution bancaire le 8 juin 201812. Parmi les personnes qui ont longtemps travaillé à la caisse mentionnons : Bernard Fortin, Rose-Aimée Thiboutot, Lucie Fortin, Lyne Lord, Estel Pelletier, Lyne Pelletier, Odile Gamache et Anne Caron. La caisse populaire a été victime d’un vol de 7300 $ au matin du 9 novembre 1967 par cinq individus. Monsieur Fortin a été ligoté tandis que son épouse a été contrainte de remettre l’argent aux voleurs ; personne n’a été blessé lors de cet incident13.
Plusieurs femmes de Saint-Damase ont offert des services de couture pour les autres ; parmi celles-ci mentionnons Lucille Bernier (1919-2005), Lucille Gamache et Marcelle Cloutier (1931-2010). Amable Gamache (1914-1983) a exercé le métier de barbier dans sa résidence (187, route 204) à compter de la fin des années 1930 jusqu’au milieu des années 1970. Émérilda Ouellet (1907-1976) a été coiffeuse à l’est du village (33, Village Est) ; certaines l’ont possiblement précédée et plusieurs l’ont assurément suivie. Ma grand-mère maternelle allait s’y faire coiffer quand elle venait nous visiter ; elle revenait avec les cheveux bleuâtres et cela m’intriguait beaucoup.
Laurent Cloutier (1912-1993) a été conducteur de taxi à la fin des années 1930 pendant plusieurs années. Il avait acquis une Chrysler Desoto à Québec pour 675 $, avait payé 1 $ pour sa plaque d’immatriculation et 2 $ pour son permis de conduire et ce sans avoir à suivre de cours de conduite14. Certaines courses étaient parfois très longues et prenaient une bonne partie de la journée ; un aller-retour à Québec ou Lévis était assez courant. Le rapport des ressources naturelles du comté de L’Islet de 1938 indique qu’il y avait un autre conducteur de taxi et un camionneur ; ces deux autres personnes n’ont pas pu être identifiées.
Léo Gaudreau
Tous les gens de Saint-Damase d’un certain âge ont connu Léo Gaudreau (1913-2000), l’homme à tout faire qui rendait service à tout le monde. Léo a occupé différents métiers dont cultivateur, bûcheron, menuisier, plombier et bricoleur. Les gens avaient surtout recours à Léo pour la menuiserie et la plomberie. Léo savait toujours se rendre disponible même dans les situations les plus urgentes.
Maison d'Arsène Pellerin
C’est dans la maison d’Arsène Pellerin (165, route 204) qu’on installe le premier téléphone et de commutation de la paroisse. Les gens y venaient pour téléphoner au début. Plus tard quand les gens ont commencé à avoir le service, il fallait passer par la maison et c’est Claire, l’épouse d’Arsène, qui raccorde les abonnés les uns aux autres. L’unité de raccord était située dans une grosse boîte de bois fixée sur le mur. Les abonnées de Québec-Téléphone et d’Hydro-Québec allaient payer leur compte chez monsieur Pellerin jusqu’au milieu des années 197015.
Suite dans le prochain numéro.
Notes
1 Informations fournies par Priscille Pelletier en entrevue téléphonique le 21 août 2020. Un dénommé Savoie aurait exploité le refuge avant monsieur Dufour.
2 Gazette officielle du Québec, Club des Cerfs du comté de L’Islet inc., 104e année, no 17, 29 avril 1972, pp. 3533-3534 (pour la fondation le 16 décembre 1971) et 117e année, no 34, 10 août 1985, p. 3924 (pour la fin des opérations).
3 Informations fournies par Priscille Pelletier en entrevue téléphonique le 21 août 2020.
4 Comité de l’album, L’Écho du passé, Les éditions Marquis Ltée, Montmagny, 1988, p. 134.
5 Comité de l’album, L’Écho du passé, Les éditions Marquis Ltée, Montmagny, 1988, p. 69.
6 Informations fournies par Sylvien Cloutier en entrevue téléphonique le 21 août 2020. Collection d’annuaires Lovell des villes et villages du Québec 1910-1911, province de Québec, Business by places Quer-St J, p. 688.
7 Comité de l’album, L’Écho du passé, Les éditions Marquis Ltée, Montmagny, 1988, p. 69.
8 Comité de l’album, L’Écho du passé, Les éditions Marquis Ltée, Montmagny, 1988, p. 82.
9 Comité de l’album, L’Écho du passé, Les éditions Marquis Ltée, Montmagny, 1988, pp. 83 et 151.
10 Comité de l’album, L’Écho du passé, Les éditions Marquis Ltée, Montmagny, 1988, p. 210.
11 Comité de l’album, L’Écho du passé, Les éditions Marquis Ltée, Montmagny, 1988, p. 102.
12 José Soucy, Malgré une bonne année pour la caisse Desjardins du nord de L’Islet, celle-ci procède à deux fermetures de points de service, CMATV.ca, 18 avril 2018.
13 « Vol de 7 000 $ à la caisse populaire St-Damase de L’Islet », Le Soleil, 70e année, no 266, 9 novembre 1967, p. 12.
14 Informations fournies par Sylvie Cloutier en entrevue téléphonique le 27 août 2020.
15 Comité de l’album, L’Écho du passé, Les éditions Marquis Ltée, Montmagny, 1988, p. 281.