Mille feuilles - Pères, aussi
par Journal L'Attisée le 2021-05-30
Tout comme le thème de la mère, celui du père est source de fort beaux écrits. En voici quelques-uns.
Curieusement, mes deux premières suggestions ont des ressemblances avec deux du mois dernier. On y lisait des récits d’auteurs venant de perdre leur mère. Ici on s’exprime sur la perte du père.
Une rose seule* (2020) de Muriel Barbery (à qui l’on doit L’élégance du hérisson) est un roman qui sollicite les cinq sens par la description des lieux, des ambiances. Une française, Rose, est conviée à Kyoto pour la lecture du testament de son père japonais qu’elle n’a pas connu. De quoi le deuil est-il le plus difficile? De ce qu’on a perdu ou de ce qu’on n’a jamais eu? Une fois sur place, elle est prise en charge par l’assistant de celui-ci qui, pour obéir aux volontés du défunt, doit lui faire visiter divers lieux. Choc culturel, tensions, apprivoisement, on se laisse enchanter par la délicatesse des mots.
Un autre roman d’atmosphère : L’énigme du retour* (prix Médicis 2009) de Dany Laferrière. Une narration non conventionnelle alternant entre prose et poésie. Le narrateur nous entraîne de Montréal (Je n’étais durant cet après-midi de décembre qu’une ombre derrière la fenêtre givrée) vers d’autres régions du Québec puis vers New-York pour les funérailles de son père, enfin à Port-au-Prince auprès de sa famille. Du très beau Laferrière.
Dans Écoute-moi (2004) de Margaret Mazzantini, un homme est à l’hôpital au chevet de sa jeune fille inconsciente suite à un accident de la route. Les roues de la voiture ont dérapé sur cette croûte glissante, juste un peu, mais ça a suffi pour qu’elle frôle ton scooter. Ce roman est une longue confession teintée d’ambivalences sur l’amour, le désir. Il a remporté en 2002 le Premio Strega, équivalent du Goncourt en Italie. Une histoire prenante.
Un parfum de cèdre (1999) d’Ann-Marie MacDonald est une saga familiale située au début du XX ième siècle en Nouvelle-Écosse. Histoire d’un père seul avec quatre enfants après la mort de sa femme. À l’arrière, il y a la cuisine où maman est morte. Un père qu’un amour excessif conduira à certaines dérives. Rebondissements et secrets émaillent l’écriture émouvante de cette histoire qui parcourt temps et lieux.
*bibliothèque Charles-E.-Harpe, collection locale