Le langage des proches
par Journal L'Attisée le 2016-06-01
La Fondation des services de santé de la MRC de L’Islet offrait aussi en soirée le 16 avril dernier, cette fois à l’intention du grand public une deuxième conférence. Animée par un travailleur social d’expérience, monsieur Réjean Carrier, de la Maison Michel Sarrazin, elle portait sur le langage des proches accompagnant un malade en fin de vie.
Tout malade fait partie d’une famille qui a sa propre histoire, son propre fonctionnement, ses propres règles et ses rôles. Il n’y a donc point que la souffrance de la personne en fin de vie, mais aussi celle de ses proches et de ses aidants. Cette souffrance peut se vivre de maintes manières : solitude, peur, appréhension, déséquilibre, impuissance, culpabilité, ambivalence, déni, etc. Malgré tout, souligne M. Carrier, un certain espoir permet de vivre l’inévitable.
Différents paradoxes sont aussi vécus par les proches : on investit encore avec la personne tout en se préparant à s’en séparer?; on est à la fois aidant et aidé?; on tente de conserver au malade sa place et son rôle dans la famille, tout en devant en assumer une partie?; on reçoit des confidences, mais on éprouve aussi le besoin de se confier?; on doit porter l’angoisse et les inquiétudes du malade, mais aussi les nôtres.
Différentes stratégies de survie sont adoptées : choisir de continuer de s’investir et ne pas subir?; renoncer à certaines activités dans nos vies?; mettre des verres fumés… pour se reposer de la souffrance?; s’activer sans cesse pour ne pas penser, prier?; garder l’espoir?; s’accorder du temps pour soi?; maintenir l’équilibre entre donner et recevoir?; savoir reconnaître la contribution des autres?; confier le malade.
M. Carrier a su illustrer son propos de nombreux exemples tirés de sa pratique d’accompagnant de familles dont un membre est en fin de vie.
Comme l’avait souligné elle aussi, Dre Michèle Morin dans sa conférence de l’après-midi au personnel, dans l’accompagnement le plus important est de travailler avec la partie saine de la personne malade qui n’est pas seulement un malade, mais toujours un être humain à part entière. De même, éviter l’infantilisation, la surprotection qui empêche de vivre pleinement la fin de sa vie.
«?Dans le malheur, rien de plus précieux que la présence d’un être cher, d’un proche?; sans ce soutien, l’homme cesse de croître et dépérit.?» Alexandre Jollian, Le métier d’homme.
Clémence Lord