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L’émigration aux États-Unis (suite) mars 2021
par Journal L'Attisée le 2021-03-14

Émigration Port-Jolienne

Le va-et-vient entre Saint-Jean et les États-Unis est incessant au début du vingtième siècle. La plupart des voyages se font par train, car c’est rapide et abordable. Certaines personnes, souvent des clans familiaux, partent pour de bon tandis que d’autres font des séjours plus ou moins prolongés. Le recensement de 1901, nous indique que 19 personnes sont nées aux États-Unis et que certaines épouses, de par leurs patronymes non familiers dans notre région, ont possiblement été rencontrées lors de séjours chez l’oncle Sam1. Le guide officiel des Franco-Américains nous permet de situer quelques notables originaires de Saint-Jean-Port-Joli :

Le révérend J.-V.-E. Bélanger, fils de François-Xavier et de Caroline Aubé, né le 9 février 1874, est présent à Hartford (CT) en 1922. Il a été ordonné par le cardinal Bégin à Québec le 22 avril 1900. Il a été vicaire à Saint-Anselme, à Deschambault et à Waterbury (CT). Il a été curé à Voluntown (CT), à Bridgeport, à Baltic (CT) et maintenant ici.

Joseph-L. Caron, fils de Nazaire et d’Angélique Morin, né le 8 juin 1875, est directeur de funérailles à Springfield (MA) en 1922. Il a épousé Marie-Louise Angers et est membre des sociétés Franco-Américaines.

Léofred-H. Caron, fils de Nazaire et d’Angélique Morin, né le 1er septembre 1873, est entrepreneur de pompes funèbres à Chicopee Falls (MA) en 1922, en 1927 et en 1935. Il a épousé Belzémire Laroche et est le père de 4 enfants. Il est membre de la Saint-Jean-Baptiste de Chicopee (MA), de l’Union Canadienne, de la Fédération Franco-Américaine et des sociétés Franco-Américaines. Il est devenu embaumeur en 1896 et est établi dans cette ville depuis 21 ans.

Joseph Honoré Chouinard, fils d’Hermel et d’Emma Bourgault, né le 7 juillet 1898, est optométriste et bijoutier à Salem (MA) en 1922, en 1927 et en 1935. Il a épousé en premières noces Élisabeth Lantin qui lui a donné 3 enfants et en secondes noces à Mila Vannasse. Il a fait ses études au collège de La Pocatière et à l’université Laval. Il est membre des sociétés Franco-américaines, de l’American Optometrical Society, du Massachusetts Optometrical Society et de la société locale. Il est secrétaire de la Fédération Franco-Américaine, directeur de la Ligue Civique du Massachusetts et de la Caisse d’Économie populaire. Il est établi dans cette ville depuis 1914.

Joseph Dumas, fils d’Eugène et de Luce Marcotte, né le 13 mars 1863, est épicier à Manchester (NH) en 1922 et en 1927. Il a épousé Azilda Marceau et est le père de 7 enfants, dont Pierre qui fut soldat durant la guerre de 1914-1918.

Joseph Aldéric Paquet, fils d’Alphonse et de Célanire Boucher, né le 25 janvier 1887, est prêtre au Michigan en 1922, en 1927 et en 1935. Il a fait ses études à Saint-Laurent et au séminaire de Montréal. Il a été ordonné à Marquette (MI) par Mgr Eis le 2 août 1904. Il a occupé les fonctions de chapelain à l’hôpital de Marquette (1914-1914), vicaire à Houghton (MI) pendant 3 mois, premier vicaire à la Cathédrale jusqu’en 1918 et depuis le 3 octobre 1918, il est curé à Calumet (MI).

Joseph Robichaud, fils de Joseph et de Clarisse Pelletier, né le 24 février 1873, est marchand à Southbridge (MA) en 1922. Il a épousé Alma Belletête et est père de 3 enfants. Il est membre de l’Union Saint-Jean-Baptiste d’Amérique, de la Fédération Franco-Américaine et des Artisans.

Rémy Robichaud, fils de Désiré et d’Henriette Perreault, né le 9 avril 1881, est boulanger à Sanford (ME) en 1922, en 1927 et en 1935 ; il a épousé Marie-Louise Monfette et est père de 3 enfants.

Georges Joseph Roy, fils de Salluste et de Sophie Carrière, né le 23 juin 1863, est médecin à Brunswick (ME) en 1922, en 1927 et en 1935. Il a épousé en premières noces Irma Lebel et en secondes noces Antoinette Lebel. Il a fait ses études au collège de La Pocatière et à l’université Laval où il a gradué en 1891. Il est membre des sociétés Franco-Américaines.

Toutes les personnes précédentes sont habilitées à voter et elles sont toutes propriétaires de leur logement sauf pour J.-V.-E. Bélanger, Joseph-L. Caron, Joseph Aldéric Paquet et Joseph Robichaud.


Jean-Baptiste Pelletier (1823-1877), fils de François et de Scholastique Morin, quitte la paroisse avec ses 12 enfants pour s’établir à Saint-Pamphile en 1871. Les ressources ne sont pas suffisantes pour faire vivre sa nombreuse famille et il tente sa chance du côté de Salem (MA). Il est ouvrier d’usine et décède d’une pneumonie le 4 juin 1877 dans cette ville. Plusieurs de ses enfants suivent ses traces à Salem et s’y établissent en permanence ; ce sont : Jean-Baptiste (fils), Amable, Narcisse, Emma, Fabien, Célanire, Odilon et Lévi. D’autres membres de cette famille ont aussi émigré aux États-Unis, dont Pierre-Maxime (1833-1891), le frère de Jean-Baptiste, qui s’est établi à Lewiston (ME). Son beau-frère François-Herménégilde Pelletier (1828-1879), époux de sa sœur Esther (1830-1916), a connu un destin tragique à Sutton (MA) où il est décédé le 21 septembre 1879. Les corps de Jean-Baptiste et François-Heménégilde n’ont jamais été ramenés au Canada après leurs décès ; ils étaient tous deux émigrants saisonniers et leurs familles sont demeurées à Saint-Pamphile2.

En 1881, Joseph Chouinard (1831-1902), son épouse Angélique Dubé (1837-1883) et leurs neuf enfants prennent le train pour Greenville (NH). Cette localité comporte déjà plusieurs gens de la région et ils ne seront pas trop dépaysés. Ils partent avec tous leurs effets personnels et n’ont pas l’intention de revenir. Le destin en décide autrement. Angélique décède au printemps de 1883 et Joseph ramène son cercueil pour l’inhumer dans sa paroisse natale. La famille s’installe à Saint-Jean-Port-Joli et c’est la fin du rêve américain, du moins pour un certain temps. Le retour à Greenville hante les rêves des jeunes Chouinard et Senneville (1869-1911) reprend le chemin des États-Unis en 1891 ; ses frères Érasme (1871-1939), Amédée (1873-1953) et Alfred (1876-1938) la suivent peu de temps après. Senneville épouse Joseph Leclerc, fils de Damien et de Célanire Robichaud le 16 avril 1894 à Greenville ; elle décède en 1911 et est inhumée à Saint-Jean. Érasme épouse Marie Lavery, fille d’Alfred et d’Emma Chouinard originaires de Saint-Jean-Port-Joli, le 30 avril 1896 à Greenville. La famille revient s’établir dans son patelin d’origine où elle compte de nombreux descendants. Amédée épouse Célina Bourgault, fille de Frédéric et de Marie-Reine Dumas, à Greenville le 5 janvier 1892 ; cette famille n’est jamais revenue et elle a demeuré à Peterborough (NH). Quant à Alfred, il épouse Mathilda Bélanger, fille de Félix et d’Apolline Robichaud, à Greenville le 13 juin 1898 ; cette famille fera souche à Cornwall en Ontario3.

Ernest Duval (1860-1912), fils Zéphirin et d’Éléonore Verreault, gradue en médecine à l’université Laval en 1884. Il pratique environ deux ans à Saint-Jean-Port-Joli puis déménage à Rochester (NH) vers 1887 ; il est le premier médecin canadien-français dans cette localité. Il épouse Marie Fortier, fille de Apollinaire et de Sylvie Bisson, à Rochester le 15 février 1898. Ses compatriotes comptent pour une grande partie de ses patients. On dit qu’il était très généreux et qu’il offrait gratuitement ses services à ses patients qui ne pouvaient le payer. Il possède une pharmacie dans le quadrilatère Block sur la rue North Main ; il a un laboratoire spacieux à l’arrière pour y préparer les prescriptions et y concocter les potions de toutes sortes4. Ernest est très actif dans sa communauté. Il a fait partie des commissaires scolaires et sert au conseil municipal de sa ville. Il est organiste pour son église pendant plus de 20 ans. Il est membre des sociétés Saint-Jean-Baptiste et canado-américaines. Vers 1908, il est sévèrement blessé par un véhicule électrique et demeure handicapé, incapable de pratiquer son art jusqu’à sa mort en 1912. Une foule imposante assiste alors à ses funérailles et les commerces locaux sont fermés en guise de respect pendant la cérémonie. Le docteur Duval n’a laissé aucun descendant5.


1 Bibliothèque et Archives Canada, Recensement de Saint-Jean-Port-Joli en 1901.
2 Ancestry.com et notes personnelles de généalogie sur la famille.
3 Yolande Chouinard, La maison ou je suis née, archives privées, Québec, septembre 2002, p. 15-18.
4 John Scales, History of Strafford County, New Hampshire and representative citizens, informations tirées du site Internet: www.ebooksread.com/authors-eng/john-scales/history-of-strafford-county-new-hampshire-and-representative-citizens-lac/page-76-history-of-strafford-county-new-hampshire-and-representative-citizens-lac.shtml le 30 septembre 2015
5 John Nolan, New Rochester park to be named after Dr. Duval, article publié le 15 juin 2009, informations tirées du site Internet: www.fosters.com/article/20090615/GJNEWS_01/706159931 le 28 septembre 2015.



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