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Mille Feuilles - Histoires de mères
par Journal L'Attisée le 2020-05-07


Souvent, en mai, je vous ai proposé des livres mettant la mère en vedette. Je récidive puisque ce sujet est inépuisable et largement exploité par les écrivains.


Boucar Diouf a le don d’insérer dans ses récits des notions de biologie accessibles au commun des mortels, sans aucunement alourdir son propos. C’est le cas dans Pour l’amour de ma mère (et pour remercier les mamans)* (2019). Tout en nous parlant d’hérédité il nous livre l’histoire de sa mère, femme simple, humble mais combien sage! Analphabète, elle lui a prodigué par son exemple des leçons de vie qui l’ont guidé dans tout son parcours. Aujourd’hui plus que jamais, maman, je sais que le bonheur aime les gens qui se tendent la main. Diouf nous raconte des moments marquants de son enfance, l’histoire de sa mauvaise jambe, sa relation avec son père, avec un oncle qui l’a encouragé à étudier. Par la tendresse et l’humour qu’on lui connaît, vraiment, Boucarrrr est aussi agréable à lire qu’à écouter.


*(bibliothèque Charles-E.- Harpe, collection Réseau)


Nous avons été touchés par Francine Ruel qui a révélé la situation d’itinérance de son fils. Anna et l’enfant-vieillard** (2019) est, de son propre aveu, un roman. Mais il est évidemment inspiré par ce pan sombre de sa vie. On y sent toute la détresse d’une mère n’arrivant pas à aider son fils, son inquiétude constante, omniprésente. Aujourd’hui, il pleut. Anna appuie son visage sur la vitre de la fenêtre qui donne sur le jardin. Comme elle n’a plus de larmes, elle emprunte, pour le moment, celles qui tombent des nuages. Le ton est juste, l’émotion bien livrée.

**bibliothèque Charles-E.-Harpe, collection locale


Pour mémoire (petits miracles et cailloux blancs)** (2019) de Dominique Fortier et Rafaële Germain. N’ayant jamais lu cette dernière, c’est la merveilleuse plume de Fortier (Les larmes de saint Laurent, Au péril de la mer) qui m’a incitée à lire ce petit bijou à quatre mains. De manière impromptue, les deux amies décident un jour d’échanger des impressions quotidiennes, des réflexions sur des petits riens ou de grands émois. Vie familiale, maternité, voyages, travail d’écriture défilent sous nos yeux ravis. Deux exemples : (Fortier) Les lieux où on a été heureux contiennent des vies entières ; (Germain) Il ne faudrait pas, lorsque le temps viendra de se souvenir des belles choses, oublier ces modestes journées durant lesquelles l’existence s’est contentée de l’essentiel. Oh combien cette dernière phrase s’applique à la situation présente! Une lecture réconfortante, à savourer pleinement.


 ** bibliothèque Charles-E.-Harpe, coll. Locale


Des phrases courtes, ma chérie (2001) de Pierrette Fleutiaux. L’auteure nous raconte sa complexe relation avec sa mère vieillissante récemment installée en maison de retraite. Des souvenirs, de la tendresse, mais aussi du désarroi face à cette étape de la vie. Extrêmement touchant. J’ai confiance en moi parce qu’une mère a veillé sur moi, je n’ai aucune confiance en moi parce que je suis veillée par une mère. L’ambivalence est omniprésente. Je crois que plusieurs se reconnaîtront.


Maintenant un grand classique du récit d'enfance malheureuse : Poil de Carotte (1894 pour l’édition originale) de Jules Renard. Dans ce livre venu d’une autre époque on parle de marâtre plus que de mère. Très lucide, prompt à la réplique, malgré tout plein de ressources, Poil de Carotte nous a laissé cette célèbre réplique : Tout le monde ne peut pas être orphelin.


Bonne lecture et bonne fête des mères,


Rachel Grou



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