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Parler pour parler… mieux
par Journal L'Attisée le 2020-03-04


Le début de notre jeune siècle ouvre les yeux plus que jamais sur les symptômes inquiétants de la santé de notre langue française. Ce château fort de notre culture a besoin de soins. Les efforts pour le rénover semblent s’acharner sur le revêtement des murs et du toit en ignorant l’état des solives du sous-sol que sont nos écoles.


L’hiver s’amuse à nos dépens. C’est un enfant-roi. Sa boîte à jouets est pleine de joies sportives, de bonheurs d’enfants, de pelles, de branches décrochées, de fémurs fracturés, de rhumes et d’éternelles heures devant une boîte à images devenue aussi nécessaire que le frigo pour qui souffre de soirées-rien-à-faire. Quelle merveille! L’univers à nos yeux. On voit tout. On apprend tout. On sait tout. L’occasion nous est alors fournie d’analyser son menu : bienfait ou blâme? Bienfaits innombrables, blâmes… innombrables. En prenant le pouls de son français oral, le couvercle de la tolérance saute…


L’opinion populaire est sévère envers l’école et les anglophones concernant la qualité négligée du français parlé et écrit. L’ardeur des enseignants à démystifier les difficiles lois de notre belle langue se voit confrontée à d’autres professeurs illégaux au langage erroné plus facile à capter que les règles de l’ex-grammaire des Frères des Écoles chrétiennes. Malheureusement, la télévision est des leurs. Elle enseigne : nous apprenons.


Combien d’artistes gagneraient à suivre des leçons de rattrapage pour savoir la règle de vingt, cent, mille, du déterminant tout, des liaisons adéquates et les correcteurs pour ben, toé et moé qui nous déchirent le tympan. La ruée fracassante d’intrus  appelés humoristes fait taire les clochettes d’autrefois des gardes du corps du bon parler. La liberté d’expression veille… Ils ont tout champ libre pour torturer notre langue avec une fierté visible par leur ignorance grammaticale, les expressions pigées chez les Anglais et leurs jurons blasphématoires nauséeux devenus une marque de commerce dans nos écrans et sous les applaudissements euphoriques de nos pleines salles de spectacles jusqu’à l’étranger, pour notre déshonneur. Pour être à la page, les auteurs de téléséries introduisent sans aucune gêne ces stupidités dans la bouche de presque tous les comédiens.


Un laisser-aller contagieux ronge notre langue française sans le moindre antidote? Ces amères réflexions d’aujourd’hui ne viennent pas du scrupule d’un autre temps mais d’une simple dignité humaine. Qui ose seconder Denise Bombardier, elle, la brave qui sait le dire? Qui… notre célèbre et regretté Sol, savant clown surdoué et dyslexique affublé de tics nerveux. Écoutons-le : « Notre culturel doit visionner vers le hautain de la côte plutôt que de dégouliner vers le trottinoire sous ses pieds. Réchéflissons. Ouahhh! Notre langue françoise souffre d’âne-mie tant tellement malprisante. Pour savoir bien parlementer, il faut bien connaître son écritoire alorrrs ». Sage clown, va!



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Rose-Hélène  Fortin  parler  mieux  
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