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Les amis du Port-Joli vous informe octobre 2019
par Journal L'Attisée le 2019-10-16


La Traverse de Saint-Roch

Depuis 1805, le chenal du Sud a constamment fait l’objet d’amélioration en matière d’aides à la navigation. Voici les différentes aides à la navigation pour la Traverse de Saint-Roch. En ce qui concerne le balisage, les débuts furent modestes.

Ici, nous diviserons la Traverse de Saint-Roch en deux, car il y a la Traverse d’en Haut, partie amont de la Traverse de Saint-Roch, et la Traverse d’en Bas, qui en est la partie aval.

Tiré de la carte bathymétrique numéro 207, édition July, 1923,
(Collection : François Rousseau)
Localisation de la Traverse d’en haut et de la Traverse d’en bas dans la Traverse de Saint-Roch.


Les bateaux-phare et le pilier phare de la Traverse d’en Bas

Le 23 mai 1807, le surintendant des pilotes procédait à la pose d’une bouée noire par trois brasses (18 pieds ; 5,5 m) d’eau à mer toute basse et d’une bouée blanche pour indiquer aux navires montants, l’entrée de la Traverse du Sud. Le 7 avril 1818, il y a eu un appel d’offre pour poser des bouées sur la pointe de Saint-Roch et sur la batture du milieu.

Lorsqu’il n’y avait pas d’île pour recevoir une tour et qu’un signal était indispensable pour indiquer la direction de navigation notamment dans un chenal étroit où les bas-fonds, les récifs et autres écueils représentaient un danger, c’était d’ancrer un feu-flottant. C’est donc vers cette solution que la Maison de la Trinité se tourna pour la Traverse de Saint-Roch.

Le premier bateau-phare utilisé, en aval de Québec, fut commandé par la Maison de la Trinité au constructeur de navire John Bell, le 10 juillet 1829. Le vaisseau de 69 pieds (21 m) de longueur par 21 pieds (6,4 m) de largeur fut lancé le 20 avril 1830 et mis en service le 25 avril, à la Traverse du Sud. La Gazette de Québec, dans son édition du 22 avril 1830, indiquait que le phare flottant « était bâti à la façon des bâtiments hollandais, la poupe arrondie, de manière à mieux résister aux fortes mers auxquelles il sera exposé ». Au mouillage, Le Brillant était pourvu de « deux ancres de 10 quintaux chacun, avec des câbles de chaine qui pourront être lâchés, s’il est nécessaire. Il est bâti, de souligner la Gazette, avec solidité et l’intérieur offre beaucoup de commodités ».

L’appareil d’éclairage était composé de huit réflecteurs dans chaque lanterne. Les réflecteurs étaient disposés horizontalement autour de chaque mât, afin que la lumière soit vue de tous les côtés de l’horizon malgré le va-et-vient du navire et le fait qu’à marée basse, le bâtiment avait tendance à se mettre de travers, par rapport à sa position originale. De plus, pendant le jour, les lanternes s’abaissaient sur le pont par un système de chaine, et il y avait une lanterne qui s’élevait plus haute que l’autre, en cas de mauvais temps, afin que les navires puissent tracer leur direction plus aisément à l’aide du compas.1

(Aquarelle : Jean-Pierre Charest, 2015)
Aquarelle du bateau-phare le « Brillant »



Le Brillant, est un navire de bois gréé en goélette. Ses feux fixes et blancs peuvent être aperçus à une distance de 16,6 km (10 milles). Le jour, sa présence ne peut être confondue avec aucun autre navire : sa coque, entièrement peinte en rouge, arbore le nom du navire en grosses lettres blanches sur chacun de ses flancs. De plus, il dispose d’un signal sonore lui permettant de signaler sa présence lors des tempêtes ou par temps de brouillard. Il était commandé par le capitaine J. Gourdeau, gardien. Il fut harponné de plein fouet par la barque Miramichi le 20 mai 1841.2

Le Brillant fut remplacé par un nouveau en 1844, le Light Ship (1) construit par Nicholson & Russell : il mesurait 24,4 m (80 pi) de long par 6,4 m (21 pi) de large et fut lancé le 30 avril 1844, à la traverse du Sud, pour le début de la saison de navigation. À l’automne, la Trinity House équipa le phare flottant d’un gong, jugeant la cloche peu efficace comme signal d’alarme dans les temps brumeux ou pendant les tempêtes de neige.3

En 1856, le Light Ship (I) est à son tour remplacé jusqu’en 1873 par un nouveau bateau-phare du même nom, le Light Ship (II). En 1874, le Manicouagan est transféré temporairement à la Traverse d’en Bas en remplacement du Light Ship (II), jugé non sécuritaire.

Le Traverse Lightship (ex Halifax) remplace le Light Ship (II) de 1875 à 1905. Le 6 octobre 1887, il est heurté violamment et coulé par le trois-mâts barque norvégien Loyal. Au printemps 1888, la goélette Marie-Elmire prend la relève du bateau-phare. Après avoir été renfloué et réparé, le Traverse Lightship reprend son poste le 8 juillet 1889.
Le 23 juillet 1904, le nouveau pilier phare de la Traverse d’en Bas remplace le bateau-phare Traverse Lightship qu’on a transféré au Haut-fond Prince à l’embouchure de la rivière Saguenay. En octobre 1907, démantèlement de la lanterne du pilier phare et installation d’une bouée noire à gaz munie d’un feu blanc.

Au mois d’octobre 1908, la goélette Marie-Joséphine, modifiée en bateau-phare temporaire, termine la saison. Le 18 mai 1909, le bateau-phare Prince Shoal No 7 est réaffecté provisoirement au poste de la Traverse d’en Bas et prend le nom de Lower Traverse No 7.

Archives, Garde côtière canadienne, sans date
Le pilier phare de la Traverse d’en Bas, 1904 à 1907



Un bateau-phare est alors mouillé en remplacement. En 1913, au retour de sa 3e expédition dans le Grand Nord canadien à l’automne 1911, l’Artic devient temporairement un bateau-phare. Il occupe le mouillage de la Traverse d’en Bas à compter d’avril 1913 sous le nom Lower Traverse No 20 et y demeure jusqu’en 1920. De 1921 à 1940, le HMCS St Eloi, un chalutier naval, est transformé en bateau-phare et prend le nom de Lower Traverse No 20. Il a été le dernier bateau-phare à la Traverse d’en Bas.

Aquarelles : Jean-Pierre Charest, 2015
Le « Lower Traverse »


Aquarelles : Jean-Pierre Charest, 2015
Le « Lower Traverse No 20 » (ex « Artic »)


Photo : collection : François Rousseau
Bateau-phare «  Lower Traverse No 20 » (ex « St Eloi »)


Pour en savoir davantage sur les bateaux-phares, consultez le volume sur les bateaux-phares de Jean-Pierre Charest et de Jean Cloutier, édité par Septentrion en 2016.

Les capitaines et le gardien :
• 1830 : William Wilson ;
• 1830-1832 : John MacDougal ;
• 1833-1835 : Nicolas Marchand ;
• 1836-1840 : Peter Houde ;
• 1841-1849 : John Richardson ;
• 1850-1866 : James Baker ;
• 1866-1900 : Isaac Gourdeau ;
• 1900-1904 : Esdras Lebel ;
• 1904-1907 : Alphonse Caron, gardien ;
• 1909-1928 : David Bourgault ;
• 1928-1930 : Albert Chouinard ;
• 1931-1940 : Luc-Aimé Fournier.

Ces phares dans la Traverse de Saint-Roch étaient aimés de la population par leurs lumières dans la nuit, on y sentait une présence pour la sécurité de nos marins dans ce secteur du fleuve si dangereux.

Notes:

1- Extrait de Le Saint-Laurent et ses pilotes 1805-1860, Jean Leclerc, Éditions Leméac, 1990, p. 116 à 118. 

2- Extrait de Les phares de la Traverse de Saint-Roch, article paru dans La vie maritime dans L’Islet, Alain Franck, Publications du Saint-Laurent, 1995, p 10 et 11. 

3- Idem

Le mois prochain, les textes porteront sur les croisières dans notre région.

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Jean Parent pour Les amis du Port-Joli



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