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Une femme engagée
par Journal L'Attisée le 2019-03-02


Dans quelques jours, le 8 mars, nous soulignerons pour la quarante-et-unième fois, dans notre région, « la Journée internationale des femmes ». C’est ainsi que j’ai pensé vous parler de l’une d’entre elles.

Dans mon travail rémunéré, dans mon implication bénévole et tout au long de ma vie, j’ai côtoyé des femmes intelligentes, avisées, généreuses, créatrices, dévouées, déterminées. Mais celle qui m’a le plus marquée, ce fut France Gendreau.

Dès notre première rencontre, puisque je siégeais sur le comité de sélection qui l’a choisie au CLSC, j’ai été touchée par sa manière d’aborder son travail d’organisatrice communautaire auprès des gens et de la communauté.

J’ai beaucoup appris d’elle, au début des années 1980, lorsque nous nous sommes embarquées avec des groupes de femmes (comités pour souligner les premiers 8 mars, Comité des femmes de l’Islet-Nord, Comité des onze, nombreuses rencontres dans les cuisines…) pour essayer de mieux connaître et cerner les problématiques de notre région. France ne parlait pas de respect, elle le vivait en écoutant sans jugement chacune d’elle : ses difficultés, ses idées, elle l’aidait à identifier ses forces et à faire des liens entre son vécu individuel et les conditions de vie des femmes. Elle croyait dans le travail de groupe et dans l’apport différent de chacune. Son regard pénétrant savait voir les capacités chez la plus timide et la plus silencieuse. Être reconnue, n’est-ce pas la première étape pour oser l’implication, l’action.

Elle me fit découvrir la solidarité, moi qui ne croyais qu’à l’effort individuel. Avec elle, je goûtai les exigences des valeurs d’égalité, de justice, de prêter attention aux divergences, de faire confiance aux autres femmes pour trouver des solutions nouvelles plutôt que de reprendre les voies trop usées ou imposées. Elle insufflait la confiance, l’ouverture aux autres, le désir de s’unir pour changer les choses, les unes aux côtés des autres, sans hiérarchie, chacune ayant la même importance.

Au tournant des années 2000, nous nous sommes retrouvées, moi, infirmière, elle, travailleuse sociale, à l’École Secondaire Bon-Pasteur de l’Islet. Avec toujours la même croyance dans les capacités des jeunes et de leurs parents, elle a continué de cheminer avec eux pour qu’ils trouvent leurs propres solutions aux difficultés rencontrées.

Ensemble, nous avons semé des germes de réflexion auprès des élèves dans des rencontres de groupes-classes : la santé, le mieux-être, les relations amoureuses, le goût de vivre, le défi de devenir parents,…

Je l’ai estimée, j’ai aimé travailler avec elle. Elle a été ma conscience sociale.

« D’abord le tronc, puis les branches maîtresses qui cherchent chacune de leur côté, puis les branches secondaires qui naissent des précédentes mais divergent sur un point, émettent un autre avis, enfin les plus petits rameaux qui raclent la peau du ciel : autant de tâtonnements, d’essais, d’échecs, mille chemins inventés pour aller vers la lumière. »Christian Babin. Texte imprimé sur le signet funéraire ; décédée le 10 février 2013.



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