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Histoire du lac Trois-Saumons
par Journal L'Attisée le 2018-12-10

Histoire du lac Trois-Saumons

Le lac Trois-Saumons est situé dans la municipalité de Saint-Aubert à 120 kilomètres à l’est de Québec. Il chevauche le quatrième rang de la seigneurie Port-Joly ainsi que les premier et second rangs du canton Fournier. Son altitude est de 430,1 mètres. Sa longueur est de 5,5 kilomètres, sa superficie de 2?665 kilomètres carrés, sa profondeur maximale de 17,1 m et sa profondeur moyenne de 6,3 m.1 Les Amérindiens fréquentaient le lac pour son potentiel de chasse et de pêche?; ce sont possiblement eux qui l’ont fait connaître aux premiers habitants de notre région. Le lac est resté sauvage et difficile d’accès jusqu’au milieu du dix-neuvième siècle alors que des routes d’accès sont ouvertes.2 Au cours de cette période, des camps de bûcherons sont établis pour exploiter la forêt environnante et les pêcheurs se font de plus en plus nombreux. La villégiature saisonnière commence seulement à la fin du dix-neuvième siècle alors que les véritables premiers chalets sont construits.


Origine du nom

L’origine du nom Trois-Saumons demeure quelque peu énigmatique et les sources diffèrent sur le sujet. La très sérieuse commission de toponymie du Québec n’ose même pas s’avancer sur la question. Le nom Trois-Saumons est déjà bien connu au dix-septième siècle alors que Jean-Nicolas Durand vient s’installer à l’embouchure de la rivière en 1680. L’intendant Jacques Raudot émet une ordonnance en 1708 dans laquelle il cite le nom. Plus tard en 1744, Jacques-Nicolas Bellin indique le nom Trois-Saumons sur une carte. Joseph Bouchette aurait toutefois été le premier à signaler le nom du lac sur une carte en 1831.3


Les trois montagnes situées au sud de l’île Saint-Pierre4 et ressemblant à des dos de saumons seraient à l’origine du nom selon le Club des résidents du lac Trois-Saumons.

Certaines sources parlent plutôt des montagnes successives pour atteindre le lac. La rivière Trois-Saumons aurait-elle été autrefois une rivière à saumons? Se pourrait-il aussi que les truites jadis abondantes dans le lac aient été confondues avec des saumons? Une légende abonde en ce sens et prétend qu’on y aurait jadis pris une truite si grosse qu’on l’aurait confondue avec un saumon.5 Mais pourquoi Trois-Saumons?; serait-ce en raison du nombre d’espèces de truites qui y vit? D’autres sources moins crédibles se basent sur le folklore populaire?; monsieur Arthur Cassegrain de L’Islet l’expliquait en ce sens.


«?Désirant éviter d’être mangés tout cru, Par des monstres marins lancés à leur poursuite,

S’en vinrent jusqu’ici dans l’ardeur de leur fuite, Montèrent la rivière et sautèrent le Sault. Mais si le joli cours ne contient plus de saumon. En revanche l’on voit la truite saumonée, Au lac dont la rivière est plus haut couronnée. Ici pendant l’été, grand nombre d’amateurs. Du plaisir de la pêche, agrément des rêveurs, Viennent se délasser des travaux de ce monde, À l’ombre des sapins dormant au bord de l’ombre. Salut à toi, beau lac! Solitaire joyau! Salut à la forêt dont le riche manteau, T’enveloppe et te cache ainsi qu’une fiancée! Qu’on dérobe à la foule autour d’elle empressée.6


Gérard Ouellet évoque une légende contée par une vieille tante. «?Il y avait autrefois abondance de carpes dans la rivière, avec le résultat que les habitants y pêchaient le dimanche au lieu d’assister aux offices. Ce voyant, le curé décida qu’il ne se prendrait plus de poisson dans ce cours d’eau. Dès ce moment, la rivière fut déserte jusqu’au jour où, pendant la grand’messe, l’on aperçut trois saumons montant côte à côte les rapides.7


Toutes les légendes précédentes sont intéressantes, mais elles ne tiennent pas la route, car elles sont postérieures l’apparition du nom Trois-Saumons. Se pourrait-il alors que les Amérindiens désignaient déjà le bassin hydrographique de ce nom, ou autre à consonance similaire, lorsque les premiers Européens sont arrivés ou, serait-ce ces derniers qui ont donné le nom pour une quelconque raison? Ces deux dernières hypothèses mériteraient qu’on les explore davantage, mais aucun document, trouvé à ce jour, ne permet de les approfondir.


Formation du lac

Le lac Trois-Saumons est situé dans les contreforts des monts Notre-Dame qui se sont forgés il y a plus de 300 millions d’années alors que les Appalaches émergeaient des entrailles de la Terre. Il a été sculpté au cours de la dernière glaciation alors que les forces géologiques creusaient le quartz des montagnes. Lors de son séjour dans la région vers 1917, le frère Marie-Victorin, célèbre botaniste, décrit le lac en ces termes poétiques :


«?Le lac Trois-Saumons, cette étonnante vasque taillée dans la blancheur du quartz, séduit d’abord les chasseurs et les pêcheurs, mais il inspire également les poètes. Il devient ensuite un lieu de villégiature très apprécié des estivants de la région de Québec... Le lac est long, très long, cinq milles tout au moins. Il finit là-bas, vers l’Est, et dégorge son eau moins claire par un torrent rapide. Cette eau est d’une limpidité absolue. La roche qui la contient ne se désagrège pas, pour former de la boue, comme il arrive dans la plupart des lacs laurentiens, où le satin de la surface dissimule presque toujours des fanges. Ici, c’est la pureté jusque dans les profondeurs et c’est pourquoi aucun nénuphar ne vient étoiler ces eaux cristallines et s’enrouler à la rame du passant comme pour lui dire : Arrête-toi, nous sommes si beaux! Pas même une lisière de joncs pour briser la ligne crue de ce rivage. L’eau bat la pierre, inlassablement, sans une fleur à caresser, sans une herbe à baigner8.?»


Notes : 1 Direction du suivi de l’état de l’environnement, Bathymétrie du lac Trois-Saumons, gouvernement du Québec, Développement durable, environnement, faune et parcs, Québec, 2013, informations tirées du site Internet : https://www.google.ca/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&cad=rja&uact=8&ved=2ahUKEwiynf6g4azeAhWJjVkKHe4fDkMQFjAAegQICRAC&url=ftp%3A%2F%2Fdata.menv.gouv.qc.ca%2FCEHQ%2Fcartes_bathymetriques%2FPDF%2F01639.pdf&usg=AOvVaw0VKrn8RPT3Rg7q8DHs10ZP le 28 octobre 2018. 2 Toutes les routes ne sont alors que simples sentiers. La première route qui apparaît sur une carte est celle de la décharge du lac en 1831. 3 Commission de toponymie du Québec, Lac Trois-Saumons, informations tirées du site Internet: http://www.toponymie.gouv.qc.ca/ct/ToposWeb/Fiche.aspx?no_seq=63813, le 27 novembre 2017. 4 Cette île (lot 192, rang 2 du canton Fournier) était autrefois appelée île Saint-Pierre en raison des premiers propriétaires. Le nom a été officiellement changé le 8 août 1977. L’île appartient depuis quelques décennies à la famille Audet qui l’a renommée. 5 Yves Houde, Camp-École! : L’aventure du camp Trois-Saumons, Septentrion, Sillery, 2009, p. 36. 6 Arthur Cassegrain, La Grand-Tronciade, G.E. Desbarats, Ottawa 1866, p. 61, informations tirées du site Internet : https://static.torontopubliclibrary.ca/da/pdfs/37131055363063d.pdf le 10 octobre 2018. 7 Gérard Ouellet, Ma paroisse, Les Éditions des Piliers, Québec, 1946, p. 7-8. 8 Frère Marie-Victorin (Conrad Kirouac), Croquis laurentiens, Montréal, 1920, La bibliothèque électronique du Québec, volume 86, version 1.1, p. 56-57.

Sylvain Lord




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