La Jardilec a 35 ans
par Journal L'Attisée le 2018-11-30
« Ça fait juste dix mille ans qu’on te coupe la parole. Qu’on te dompte ou t’écarte ou te traite de folle. Là l’vent commence à peine à virer d’bord. Y en a d’jà qui s’plaignent que tu parles trop fort » Force océane, Émile Proulx-Cloutier
Elles et ils étaient une centaine de personnes venues souligner le 35e anniversaire du Centre-Femmes La Jardilec, le jeudi 25 octobre, chez Manu atelier culinaire de Saint-Jean-Port-Joli.
Mis sur pied de façon très modeste en 1983, le Centre-Femmes a su s’installer solidement dans le milieu et devenir, au fil des ans, un lieu de rencontre, d’information, de réflexion, d’action, de référence, d’intervention, d’entraide auprès des femmes des MRC de Montmagny et de l’Islet pour tout ce qui touche leurs conditions de vie individuellement et collectivement.
Quand on y repense, 40 ans se sont écoulés, depuis les préparatifs entrepris pour souligner une première fois, dans notre région, la Journée internationale des femmes, le 8 mars 1979, au Club des Appalaches de Saint-Eugène. Les femmes ont alors ressenti le besoin de se regrouper au-delà de leur paroisse respective : « C’était la première fois qu’existait un comité qui regroupait des femmes de neuf villages » (1) qui s’est appelé le Comité des femmes de l’Islet-Nord, et plus tard, l’acronyme La Jardilec, composé des premières lettres du nom de chaque paroisse, fut choisi pour identifier le Centre-Femmes. Les objectifs poursuivis à ce moment : « 1. S’informer sur nos droits, 2. Se rendre compte de nos préoccupations communes, 3. Se regrouper pour prendre nos responsabilités sociales et économiques. »(2) Et les femmes de constater, quelques années plus tard : « Ça a donné de l’assurance à plusieurs femmes. Avant ça on entendait jamais parler de projets pour les femmes. »(3).
Si les femmes de cette époque ont dû faire preuve d’audace, de détermination et de solidarité pour amorcer des changements, plusieurs enjeux demeurent en suspens afin d’atteindre la pleine égalité : défi d’assumer nos différents rôles : amoureuse, mère, travailleuse salariée, citoyenne interpelée et impliquée, féministe… Au plan économique, la plupart des emplois à temps partiel sont occupés par des femmes, parce que celles-ci accomplissent encore la majorité des tâches domestiques et d’aidantes familiales s’exposant ainsi à la fameuse charge mentale et à la fatigue de compassion. Dans la région, le revenu médian des femmes équivaut à 63 % de celui des hommes, en dépit du fait qu’elles sont plus scolarisées qu’eux. Au plan politique, même si on a enfin une femme députée et ministre provinciale dans notre circonscription, plusieurs observateurs remarquent avec justesse que les postes stratégiques du nouveau gouvernement sont encore entre les mains d’hommes. Et l’immigration, la santé… la violence sous ses différentes formes (Selon l’ONU : dans le monde, une femme sur trois est victime de violence physique ou sexuelle au cours de sa vie.) Et on n'a qu’à penser au mouvement MoiAussi : « Le nombre de plaintes pour agression sexuelle a fait un bond de 61 % depuis octobre 2017 pour l’ensemble du Québec. »(4)
Il y a encore du travail à faire et le Centre-Femmes La Jardilec s’implique avec l’R des centres de femmes du Québec (regroupement de 87 centres), dans la campagne 2018 de promotion de leur rôle : « Donne-toi de l’air » dont les quatre messages sont : 1. Prendre soin de soi, 2. S’entraider, 3. Agir ensemble, 4. S’outiller.
En terminant j’aimerais souhaiter longue vie au Centre-femmes La Jardilec et je souhaite que les femmes artistes, humoristes, auteures, politiciennes, enseignantes, infirmières, intervenantes sociales, travailleuses en CPE, journalistes, historiennes, écologistes, nutritionnistes, agricultrices,… soient enfin écoutées.
Coordonnées du Centre-femmes : 25, rue Gérard-Ouellet, Saint-Jean-Port-Joli. Heures d’ouverture du lundi au vendredi : 8 h 30 à 12 h et 13 h à 16 h 30. Tél. : 418 598-9677, info@cflajardilec.org. cflajardilec.org. Fb : Centre-femme La Jardilec.
(1), (2), (3) : document Les retrouvailles, rédigé les 14 et 21 février 1990, pour le 8 mars 1990, par Marthe Saint-Pierre-Masson, Alfreda Bernier-Gagnon, Irma Fortin, France Gendreau et Ginette Plante.
(4) : TVA Nouvelles, le 9 novembre 2018
Ginette Plante