Au fil de mes pas
par Journal L'Attisée le 2017-06-03
Je dédis cet écrit à tous les prêtres, toutes les religieuses, et d’une manière spéciale, aux missionnaires de notre région. Saint-Jean-Port-Joli, Saint-Damase et Saint-Aubert. Ils sont nombreux ces bienheureux.
Marcher,
Il faut marcher.
Mes premiers pas enchantent mes parents.
Avec les années, neuf frères et sœurs
feront chemin avec moi.
Visages nouveaux, complicités créées
et parties de hockey improvisées.
Au loin, un ruisseau tranquille
serpente lentement la campagne,
et la petite école du village se profile.
Courses à travers les champs,
neige poudreuse qui nous arrive aux genoux
et mains gelées.
Les bottes aussitôt retirées, près du poêle,
nous courrons nous réchauffer.
De retour à la maison,
des histoires sans fin à raconter.
Prière du soir, prière du matin
autour de la table.
Messes que je sers,
routes qui m’appellent au loin.
Mais, toujours les amis, garçons et filles de mon âge m’attendent au tournant du chemin.
Mon enfance,
qui aujourd’hui appartient au passé,
est pourtant là, tout près.
Pour me réconforter.
À vingt ans vient le temps des choix.
À la croisée des chemins,
il faut prendre une décision.
Du temps pour réfléchir.
Du recul pour bien y penser.
Devant moi renoncements et liberté,
joie profonde que personne ne pourra me ravir. Aimer et être aimé
voilà que Dieu se dévoile dans ma destinée.
PARTIR.
Tout quitter.
S’éloigner de ceux et celles que j’aime,
le cœur à la fois brisé et complètement dilaté.
Là-bas,
dans la selva où l’on m’a envoyé,
j’avance dans la simplicité,
celle de mon cœur et de ma vie.
Je connais aussi les heures qui s’étirent
la lassitude qui m’enveloppe
et le soleil qui se fait désirer.
Alors, la personne auprès de qui je viens m’asseoir devient un frère, une sœur,
paroles échangées, rires partagés
et confidences chuchotées.
Depuis longtemps, je sais l’apaisement
que procure l’amitié.
J’apprends avec les années
Que lorsque tu aimes du fond du cœur,
les personnes avec qui tu partages la route
le sentent et te le rendent.
Après 56 ans de vie missionnaire,
que dire du chemin parcouru?
À part, il faut marcher
et surtout rêver.
Le jour où l’on cesse d’explorer,
le bonheur, sans qu’on s’en aperçoive,
Nous a échappé.
Je suis né en 1933 à Saint-Aubert, missionnaire pendant près de 20 au Pérou. Puerto Inca, dans la jungle péruvienne. Revenu au Québec en 1979.