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Le passage de l’ange - Sœur Yvette Caron
par Journal L'Attisée le 2017-05-01

Soeur Yvette Caron

Sœur Yvette Caron a écrit sa devise avec les mots de son cœur «?Servir et faire vivre?». Nous vous présentons cette infirmière port-jolienne de la communauté des religieuses Augustines de la miséricorde de Jésus qui a œuvré humblement pendant 40 ans à l’Hôtel-Dieu de Montmagny.

Quelques propriétés familiales dont celle d’Édouard Caron et Élisa Leclerc situées à la limite Sud de Saint-Jean-Port-Joli reçoivent presque l’ombre du clocher de Saint-Aubert. Le droit de fréquenter l’église de leurs voisins pour faciliter leurs pratiques religieuses leur avait jadis été accordé, ce qui a mené à la séparation acceptable du maire et de monsieur le curé. La petite Yvette est donc née à Saint-Jean-Port-Joli le 18 mai 1924 mais baptisée le lendemain à Saint-Aubert.

Deux grandes sœurs et sept grands frères heureux accueillent la petite dernière. Son éducation familiale exemplaire, secondée par le dévouement des enseignantes de sa petite école et des religieuses au couvent de Saint-Aubert, esquisse dans son imaginaire d’écolière, des images de compassion envers les autres : «?petite âme deviendra grande?». Elle grandit alors très modestement dans la paix de notre campagne sortie de l’inconfort menaçant des récentes hostilités mondiales. Mais des nuages se reforment pour un second conflit qui la frôlera de plus près : son frère sera soldat. Il en revient traumatisé par ce fameux syndrome alors inconnu. «?Ma tante a été d’un si grand secours?» dit sa nièce reconnaissante.

Sa forte vocation d’aidante apparaît clairement et fixe son choix sur la souffrance des malades. N’ayant pas atteint l’âge requis pour entreprendre des études en soins infirmiers, notre adolescente déjà femme sérieuse et responsable répond à l’appel de mamans en relevailles : entretien ménager, repas et gardiennage des marmots. Choyée par cet ange, la maman n’en a que pour son nouveau-né, les planchers sont nets et les petits bedons restent ronds. La neige déchiquetée des vieux journaux virevolte comme tempête et les glissades sans fin sur sa robe, luge de luxe, sont folies jusq… crac… fendue! On aime Yvette, je le sais : z’ai manzé bon, z’ai neizé et z’ai dlissé.

L’Hôtel-Dieu de Chicoutimi l’accueille en 1944 et quatre ans plus tard dépose sur sa tête la petite coiffe blanche de l’infirmière. Comblée? Oui mais sa foi attise en elle une flamme sacrée. Elle retranscrit sa devise : «?Servir Dieu et faire vivre?». Elle entre au monastère des Augustines et se nomme désormais sœur du Bon Pasteur.

L’Hôtel-Dieu de Montmagny la retrouve partout dans ses départements de médecine, de chirurgie et d’obstétrique. Devenue directrice de l’école des garde-malades auxiliaires, elle ouvre une école de garde-bébés. Pour elle, soulager la douleur morale autant que physique se conjugue avec démesure. Le manque de soins des pauvres, des gens esseulés et des malades hors des hôpitaux ou libérés après traitements la bouleverse tant qu’elle met sur pied une équipe volante de valeureuses infirmières pour les rejoindre. Le service à domicile voit le jour sous sa tutelle dans Montmagny et L’Islet.

Mission de femme : travail de brousse, bénévolat, extrêmes besoins, conditions pitoyables, toute saison, toute heure, tout risque routier, tout inconfort, suivi nécessaire après hospitalisation, pansements, vaccins, prises de sang, dons de victuailles, encouragements, consolations, sourires, amour, prières. Chapitre dans l’ombre. Oubli… mission de sœur.

Après 4 décennies de labeur, arrive le temps de passer le témoin à d’autres coureurs mais sœur Yvette ne connaît pas la retraite. Elle reste active au monastère auprès de ses consœurs fragilisées par une santé usée. Au mois d’août 1993, les portes du monastère se ferment définitivement sur l’œuvre des Augustines. À son départ, le CECB (Centre d’entraide communautaire bénévole) de la ville rend un dernier hommage à ses pionnières et proclame sœur Yvette Reine-mère du Roi bénévole de la Côte-du-Sud. Avec ses sœurs d’armes, elle se dirige à l’Hôtel-Dieu de Québec. Gardienne de leur musée historique, elle préfère plutôt consacrer ses dernières énergies auprès des aînées en fin de vie à leur infirmerie intercommunautaire de l’Hôpital Général où elle-même bénéficiera de soins bien mérités jusqu’à l’âge vénérable de 93 ans et 9 mois. Ce 11 février 2017, sœur Yvette enlève sa coiffe blanche car au paradis, il n’y a plus de plaies.




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