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Madame Philippe Fortin, 100 ans
par Journal L'Attisée le 2020-12-03


Madame Antonia Morneau, épouse de monsieur Philippe Fortin, a célébré ses 100 ans le 27 octobre dernier. Elle entame ainsi avec honneur la 2e dizaine des centenaires de Saint-Aubert.

Le mois d’octobre a vu naître Antonia en la lointaine année 1920 à Saint-Pamphile au sein d’une grande famille où règne la joie d’antan : 14 enfants. Jeune adulte, un séjour sans doute providentiel l’a amenée chez sa sœur dans notre paroisse. Sauf erreur, seuls le beurrier et le garagiste portent le patronyme Morneau mais plusieurs Fortin y sont installés depuis la fondation de la paroisse. Antonia et Philippe se sont donc rencontrés, aimés et se sont fait la promesse de vieillir ensemble. Le mois de juin étant bon premier dans l’art d’unir ceux qui s’aiment, embauche son charmant Cupidon 1944 pour viser les deux cœurs avec sa flèche d’amour. Ce fut un coup parfait.

La miraculeuse saison des semences et de la floraison a rempli les sillons de leur vie d’agriculteur. Antonia adopte son coin de terre et en réserve une petite partie car elle aime cultiver un grand potager. Ses fleurs préférées sentent le bonheur autour de sa maison. Le miracle de la création nourrit les champs par le dur travail de Philippe. La table est bien garnie. Ce confort modéré invite notre couple à réaliser le plus sacré des miracles : la venue d’enfants dans leur demeure. Bébé Laurent a voulu la première place devant Marcel, André, Cécile, Lise et Denis pour ajouter les mailles nécessaires à la chaîne familiale. Ainsi, neuf petits-enfants et un arrière-petit-fils comblent la grand-maman centenaire. La petite marmaille n’oubliera jamais le plaisir de rapporter de beaux p’tits pains bien cuits quand grand-maman les gardait.

« Il est où le bonheur, il est là » dit le refrain du chansonnier. Oui, il y était. Cependant, de sombres nuages l’assombrissent. Le jour de leur 9e anniversaire de mariage, le feu ravage la grange et cause de lourdes pertes. Le temps ne connaît pas d’arrêt, il file. Après 40 ans d’union, le décès de Philippe casse la promesse ; Antonia vieillira seule. Elle affrontera sans lui, une autre cruelle épreuve, le décès de sa fille cadette. Madame Fortin est croyante et trouve sa consolation et sa force dans la prière.

Les enfants grandissent ; les parents vieillissent. La charge d’une longue vie consacrée totalement au service des autres échange les rôles. Sa santé et son énergie font la chicane… Son râteau, ses gros épis et ses gerbes deviennent lourds. L’avenir lui suggère une maison de repos. L’écho de la faucheuse, des beuglements et des « maman, j’ai faim… maman, où sont mes mitaines » s’embrouille. Mais il ne faudrait pas la connaître pour dire qu’elle ne sait pas apprivoiser sa nouvelle demeure par sa joie de vivre, son optimisme et sa résignation exemplaire. Pour bien décrire son contact avec ses visiteurs, il faudrait un meilleur crayon et des mots de même qualité que son cœur. On aime la rencontrer dans son petit cloître pour recevoir sa dose de bonne humeur et de sagesse adoucissante face à la vieillesse. Nous lui avions pourtant promis d’aller la fêter mais un indésirable virus a gâté ce beau plaisir. Seule, elle est seule. Non pas abandonnée. Le personnel soignant de son CHLSD, dévoué plus que dévoué, a su manipuler les instruments qui ont réuni les siens dans un miroir magique. Cent fois, merci! « Madame Antonia, nous vous aimons et nous prions le Seigneur de vous accorder le plus de moments agréables possibles, entourée de vos bons anges gardiens. »



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