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Cabanes à sucre de chez nous (suite)
par Journal L'Attisée le 2020-04-09


Érablières de la MRC de L’Islet


La MRC de L’Islet comptait 423 entreprises acéricoles en 2016 ; avec ses 2 605 745 entailles, elles ont produit 8 millions de livres de sirop1. Les érablières les plus importantes se retrouvent dans le piedmont des monts Notre-Dame et sur le plateau appalachien. La ferme seigneuriale Caron, située aux limites des paroisses de Saint-Aubert, Saint-Jean-Port-Joli et L’Islet est la plus imposante en termes de production ; elle puise son eau d’érable à plusieurs endroits de la MRC et même à l’extérieur. La Plume d’Oie a recensé 99 érablières à Saint-Aubert, 101 à Saint Damase contre seulement quelques-unes à Saint-Jean-Port-Joli. Un bon nombre de ces érablières ne sont toutefois plus en opération.


Chaque cabane à sucre a sa propre histoire où la famille et les amis se rassemblaient le printemps, mais aussi en d’autres saison, pour festoyer. C’était un temps de réjouissance après un long hiver. On y prenait des « réduits »2, on abusait de la bonne chère dont les fameuses oreilles de criss, on mangeait de la tire sur la neige, on s’enivrait, on dansait et il y avait souvent les tannants qui venaient nous beurrer de sirop ou de suie. Voici le récit d’une petite cabane traditionnelle qu’a bien voulu nous confier madame Laurette Gamache3.


Cette érablière appartenait autrefois à Georges St-Amant qui l’a vendue à Jean Cloutier en 1934 ; celui-ci l’a cédée à mon frère Edmond en 19484. Mon père, Napoléon, y aurait construit la cabane actuelle en 1948. L’érablière est toujours en fonction et on y entaille en grande partie à la chaudière sauf pour le coin sud-ouest qui est aménagé à la tubulure depuis 1995. Edmond a maintenu des calepins (1971-2000) dans lesquels il consignait ses observations et dans lesquels les visiteurs y laissaient leurs commentaires. Les dates des premières et dernières coulées y sont consignées à presque toutes les années. On y retrouve aussi la qualité des coulées (hâtives, tardives, abondantes, gels prolongés, etc). La famille Gamache se rendait à la cabane en toute saison pour célébrer à toutes les occasions possibles et les enfants y étaient très nombreux. Ma sœur Éva, avec qui Edmond habitait, se faisait un devoir de rendre les vitres étincelantes et de garder la cabane très propre. Un jour, ses neveux lui ont remplacé son fameux Windex par du Cool Aid bleu mais Éva a tôt fait de les démasquer. La famille Gamache conserve de très beaux souvenirs de la cabane d’Edmond. De nos jours, il y a moins de monde qui s’y rend mais le lieu est toujours magique. Edmond a cédé sa cabane à son neveu Pierre en 19775 qui l’exploite annuellement avec son frère André.

Figure 7- Ancienne cabane à sucre de Jean Chrétien à Saint-Damase

Conclusion

De nos jours, les producteurs acéricoles font face à de nouveaux défis avec une concurrence plus féroce et une réglementation de plus en plus stricte. Ils n’ont nul autre choix que de devenir imposants ou rester petits. Plusieurs propriétaires d’érablières ont délaissé la production au cours des dernières années mais un certain nombre d’entre eux ont décidé de louer des entailles. Pour de plus amples informations sur les érablières de notre région, consulter le livre de La Plume d’Oie : Nos érablières d’hier à aujourd’hui – MRC de Montmagny et de L’Islet.


Notes :

1 Michel Chassé, Les acériculteurs défendent leur système, L’Oie Blanche, Montmagny, 26 juin 2016.
2 Mélange de sirop d’érable en cours d’ébuilltion et de boisson.
3 Informations fournies par Laurette Gamache en entrevue le 7 septembre 2019 et puisées en grande partie dans les calepins d’Edmond lesquels ont été transcrits par Martin Leclerc.
4 Greffe de Me Émile M.-Deschênes, Enregistrement de contrats à l’intention d’Edmond Gamache par le régistrateur P.A. Fontaine, minute 41, no enregistrement 72,774, 7 avril 1954.
5 Registre foncier du Québec, Vente d’Edmond Gamache à Pierre Gamache, no enregistrement 109,404, 7 novembre 1977.



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