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Mille feuilles - Histoires de familles
par Journal L'Attisée le 2019-06-14

Quelques livres mettant en scène des familles imparfaites, des pères parfois inadéquats, aimants malgré tout.


Miriam Toews, Drôle de tendresse (2005) coll. Réseau. Nomi vit seule avec son père. Il en est ainsi parce que sa mère et sa soeur aînée ont, l’une après l’autre, quitté le nid familial sans redonner signe de vie. Leur quotidien dans une rigoureuse secte mennonite n’est pas simple. Les jeunes sont désabusés, sans espoir autre que de travailler un jour à l’abattoir de poulets. Nomi traîne dans les rues, fume, pas que du tabac. Entre elle et son père complètement encarcané dans sa religion, il existe tout de même une véritable solidarité, une certaine tendresse. Il était coincé au milieu d’une histoire sans dénouement heureux possible. Sachant que l’auteure a vécu au sein d’une telle communauté, on comprend qu’elle écrit en connaissance de cause. Un tableau éloquent sur les dérives d’un tel milieu. Sombre avec des zones de lumière.


Quelques années avant d’écrire La femme qui fuit, Anaïs Barbeau-Lavalette a publié Je voudrais qu’on m’efface (2010). Ce roman se situe à Montréal, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve qu’elle a pris en affection, en particulier les enfants qui y vivent. Le livre met en scène certains personnages du film Le ring, réalisé par l’auteure. On suit donc ici trois enfants et leur entourage. Tous vivent dans un même immeuble, le Bloc. Des familles confrontées à des difficultés monétaires, des dépendances, de la violence parfois. Mais aussi des enfants résilients, qui ont des rêves, qui aiment leurs parents si imparfaits. Lorsque certaines promesses ne sont pas tenues, ils s’accrochent à un monde qu’ils s’inventent. On marche pas pareil quand on marche vers la seule chose qu’il nous reste. J’ai récemment appris qu’une série télévisée éponyme sera bientôt diffusée.


Si vous croyez que votre famille est dysfonctionnelle, attendez de lire La mort de Santini (2013) de Pat Conroy. Cet écrivain américain a maintes fois mis sa famille en scène dans ses romans, en modifiant certains détails. L’inspiration autobiographique en était parfaitement assumée. Cette fois, c’est le véritable récit de sa vie familiale, de sa propre vision (il admet que certains membres de sa fratrie voient les choses autrement). Violence, alcool, relation toxique entre les parents, un contexte qui a grandement hypothéqué la santé mentale de tous les enfants. Une plume magistrale, lucide et pourvue d’autodérision. Mon autobiographie est à la fois ma matière, mon dilemme, mon obsession ainsi que la terreur invraisemblable dont se nourrit ma fiction. La preuve que l’amour peut trouver un terreau fertile même dans ce qui peut sembler le plus aride des sols.

Bonne lecture!


Rachel Grou



Mots-Clefs

Rachel  Grou  Milles  Feuilles  histoire  famille  
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